page suivante »
242 CONSTANCE DAVMER. devinant le vrai mobile de la démarche faite auprès de lui.'Il protesta ensuite de son bon vouloir, qui avait échoué seulement par suite de l'impossibilité de trouver son acte de naissance. On le lui présenta. Décontenancé, il parla des papiers de Constance, qui devaient être à Lyon où perdus, de l'autorisation du tuteur de la Charité, etc. On lui mit sous les yeux le dossier complet, que la malheureuse victime n'avait eu garde d'oublier. Cet homme, alors, laissa voir toute la bassesse de son cœur. Il se rendit enfin à une promesse d'emploi pour lui et sa femme au cas où elle vivrait, et à celle d'une donation, qui, en cas de mort, devrait lui procurer la valeur de ses dernières hardes. Il comptait même, là , sans les droits de l'hospice. Mes supplica- tions ne sont pas ce qui l'a ébranlé. J'ai tû à notre malheureuse sœur la pénible et honteuse scène que je vous rapporte. Les publications eurent lieu le jour même, le 31 décembre. Par une heureuse rencontre de jours, on put faire le mariage le 12e, c'est-à -dire le 11 janvier. Cons- tance était d'une joie ineffable, je peux dire céleste. Lollier n'a paru qu'autaDt qu'il le fa'Iait dans les deux cérémonies, civile et religieuse ; il a été assez convenable. Constance ne s'est pas beaucoup occupée de lui. Son mariage a été ce que serait ppur un autre un testament, une dernière affaire à régler dans ce monde. Elle a aussitôt tourné ses yeux vers la céleste patrie. La dernière journée de 24 heures, qu'elle a vécu ensuite, a été une scène continue d'édification. Tout ce que nous avons pu appré- cier de doux, de gracieusement affectueux en elle, se déploya durant ces derniers moments et lui attachait nos malades, nos sœurs, qui l'ont ensuite pleurée. Le médecin lui dit que son enfant était mort : — Si c'était une fille, je m'en réjouis, dit-elle. Ma mère, que je ne connaîtrai jamais, a dû mourir comme moi. J'en ai l'intui- tion. Cette fatalité s'arrêtera à moi. C'est assez et trop ! » Je la repris doucement pour cette parole : — Ouï, dit-elle, vous avez raison, ma douce et bonne sœur. Ce n'est pas ma naissance qui m'a empêchée de vivre longtemps et honorablement. Ce n'est pas la fatalité qui m'a perdue, mais