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218          /         CONSTANCE DATMER.


                          LETTRE XII.

           D'Ursule Servolet à Constance Dqymer.
                                   D'Abbans, le 18 décembre 1865.
          Ma chère Constance,
   Je t'ai écrit deux fois sans que tu me répondes. Mes lettres
se sont peut-être égarées pendant que tu changeais de rési-
dence; mais celle-là t'arrivera sais doute à bon port à Lyon.
Ma mère qui a souffert de la rareté de lettres, va voir tomber
presque entièrement notre correspondance. Je dois la quitter,
moi qui lui sers de secrétaire. Toi qui as suivi avec une fermeté
digne de ton nom l'idée d'aller à Lyon, par suite de l'ambition
de t'instruire en voyant le monde et de faire fortune, ce dont
l'occasion manque pour les ieuimes, dans nos pays, tu ne t'éton-
neras pas que je doive quitter ma mère et mon frère, quoique je
les aime bien tendrement et que vivre auprès d'eux ait été
longtemps le seul but que j'entrevisse dans la vie. J'ai une voca-
tion dont je t'ai parlé avant que tu nous quittes. Après l'avoir
combattue, puis mieux appréciée, éclairée que j'ai été par Dieu
et son ministre, je m'y rends avec soumission. Je dois entrer
aux sœurs de Saint-Vincent de Paule et partir d'ici à la fin de
l'année, s'il n'y a pas alors trop de neige sur les roules. Je t'a-
voue que je verrais avec plaisir que l'hiver soit rigoureux, pour
m'apporter quelques jours de répit. J'ai demandé à entrer à
Besançon, où je serais plus à portée de ma mère et pourrais
obtenir un congé pour la soigner si elle était malade, où je
pourrais aussi voir mon frère, que ses affaires y amènent sou-
vent. Mon désir n'est pas une loi et comme premier acte d'o-
béissance, je dois aller où l'on m'enverra. Il n'est pas impossi-
ble que ce soit à Lyon, qui est encore de cette province et où
nous avons une grande maison. Quel bonheur j'aurais de te
îevoir, de te donner du courage dans la voie que tu a$ em-
brassée et de me retrouver à prier avec toi !
  Je ne veux pas attendre cette rencontre, qui dépend d'un