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•120 ; LA FABBIQUE DE LYON AU XVIII e SIÈCLE.
Les^deux écrivains, dont je viens d'esquisser les travaux, se
sont surtout occupés de notre industrie au point de vue écono-
mique ; mais ils se sont abstenus de relater de très-graves con-
flits entre les fabricants et les maîtres ouvriers, conflits qui
dégénéraient en véritables émeutes. Si les grèves n'étaient pas
encore inventées, les désordres les plus complets eurent cepen-
dant lieu, et une histoire détaillée de ces événements, pendant
la durée du siècle dernier, serait une œuvre absolument de cir-
constance.
Les deux principales émeutes de cette époque furent celles de
1748 et 1786, et je renvoie pour les détails à l'histoire de Grand-
perrèt (p. 223 et'229), et à celle de Monfalcon (p. 815à 820) etc.
Mais ce qui prouve que les fabricants se trouvaient souvent sous
la menace de semblables désordres, c'est le fait suivant : Leur
communauté avait établi son bureau dans une maison de la rue
Saint-Dominique qui touchait le couvent des Jacobins, et une
chapelle leur avait été allouée dans l'église des susdits religieux.
Ils demandèrent, en 1727, à pouvoir y communiquer directe-
ment de leur bureau. Dans une adresse au roi, ils disent que
l'ouverture de cette communication aurait l'avantage « dans les
« crises tumultueuses, de procurer aux employés de la cor-
« poratipn une retraite salutaire. » Ces expressions démontrent
que les désordres populaires pouvaient parfois survenir et trou-
bler la sécurité de la Communauté des fabricants d'étoffes de
soie, or et argent de la ville de Lyon.
Paul SAPT-OLIVE.
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