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BIBLIOGRAPHIE. 403
gain et des jouissances matérielles a su altérer l'esprit
d'honnêteté, de loyauté, le sens moral qui était autrefois
l'honDeur de la civilisation française. Nous regrettons que
pour compléter le sombre tableau de notre dégénération, il
n'ait pas montré la triste part qui revient à la libre-pensée
et à la morale indépendante.
L'un des deux moyens qu'il propose pour régénérer
notre civilisation consiste à créer une Banque du travail
qui, moyennant partage des bénéfices, fournirait la coopé-
ration de sa direction et de son crédit aux industriels, aux
commerçants, aux associations ouvrières et même aux
ouvriers outillés. Nous avons peu de compétence pour
examiner un projet de ce genre ; nous le renvoyons à plus
expert que nous.
Le second moyen nous a plu de prime abord et nous en
tiendrons compte pour engager nos lecteurs à l'étudier.
L'idée de ce moyen n'appartient pas à l'auteur ; elle revient
à une charmante Lyonnaise qui correspond avec lui et
dont les lettres spirituelles et sensées sont pleines de
grâce, de,gaieté et d'intérêt.
— « La plupart des misères humaines, dit-elle, viennent
des injustices et des méchancetés innombrables que la loi
écrite n'atteint pas. Demandez donc à vos législateurs de
décréter que les préceptes de la morale naturelle ne sont
point facultatifs ainsi que beaucoup de gens se l'imagi-
nent et, à côté des tribunaux ordinaires", instituez des
juges civils qui auront la haute mission de juger les actes
blâmables que nos codes n'ont pas prévu. »
Cela ne rappelle-t-il pas de loin les anciennes et poéti-
ques Cours d'amour instituées pour juger des méfaits,
souvent graves, souvent cruels, mais qui ne relevaient
en rien de la justice ordinaire ?
C'est la Cour d'amour tenue, non par des dames, mais
par des hommes armés de la force morale, la dignité, la
probité, l'honneur.
Et pourquoi pas ?