page suivante »
ETIENNE MARTELLANGE. 437 nous allons nous enfermer et nous nous y appliquons avec plus do chaleur à l'étude, non-seulement pour nos esprits, mais aussi pour notre corps. Car ici, mon cher Barthélémy, il n'y a rien de plus essentiel que de se tenir non pas tant l'esprit que le corps bien 1 chaud: vous pouvez m'en croire sur parole. Aussi, dans la cham- bre la plus vaste et la mieux décorée qu'habitait probablement le principal et qu'occupe aujourd'hui le P. Edmond, quand on fit peindre les parois, on plaça cette inscription : INTVS VINUM, FORIS IGNIS (153). Mais l'auteur de cette devise était probablement un homme plongé dans la chair : nous, dont toutes les pensées doivent se diriger vers l'éternité, nous, aurions ordouné de mettre ces mots : INTVS PRECES, FORIS LABOR (154). Ce sont là deux excellents préservatifs contre la rigueur du froid. Les classes destinées à l'enseignement sent au nombre de einq. Celle des rhetoriciens et des théologiens me paraît mieux décorée que les autres. Il y a deux cours ; dans l'une d'elle se trouve un puits d'excellente eau, alimenté sans doute par les infiltrations souter- raines du fleuve voisin. Car une partie de la ville, s'allongeant entre deux grands courants d'eaux, le Rhône et la Saône, le col- lège de la Trinité se trouve placé au milieu de la ligne qui en mesure la longueur et à l'extrémité de celle qui en détermine la largeur sur la rive du Rhône. Aussi, de la cour, et à plus forte raison des chambres, jouit-on de la vue admirable du fleuve qui coule avec tant de rapidité que, malgré l'aplanisscmcnt de son lit, on entend d'ici le bruit de ses flots. On aperçoit des barques qui descendent et, au delà , une immense étendue de plaine ter- minée par la chaîne des Alpes. Dii sommet de notre tour, qui s'élève à une grande hauteur, on découvre outre ces objets, toutes les maisons et les rues de la ville : de sorte que, si vous venez un jour nous rendre visite vous manquerez plutôt de man- ger que de voir Que de fois en me promenant sur la terrasse les regards fixés sur la chaîne des Alpes, je m'imaginais que l'Italie, nourrice du (153) Au dedans, du vin ; au dehors, du feu. (154) Au dedans, la prière ; au dehors, le travail.