Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
208                       CONSTANCE DAYMER.
           Du 15, avril
   J'avais laissé ma lettre interrompue, n'ayant pas le temps d'é-
crire la dernière page, et cela est bien heureux. Je vais te dire,
en finissant, une chose qui t'intéresse plus que le reste. Ce
matin, étant auprès de madame, elle m'a demandé si j'avais
quelque amie qui veuille entrer comme femme de chambre dans
une maison de ses connaissances. Même elle m'a dit que c'est
pour une dame Malleval, que j'ai vue, l'autre soir à dîner et qui
est très-bien. Je crois que c'est une vieille personne, veuve sans
enfants, vivant seule avec ses domestiques. Elle a déjà une cui-
s nière. Elle veut une fille qui puisse travailler auprès d'elle,
même lui faire la lecture, car elle y a de la peine, et c'est sa
grande prédilection. Voilà quelque chose qui te conviendrait
très-bien. Tu serais là comme une vraie demoiselle de compa-
gnie anglaise. Avec ta figure et ton instruction, tu plairas énor-
mément à ta nouvelle maîtresse. Elle ne voudra plus se séparer
de toi, et, quand tu auras vécu quelques années auprès d'une
dame millionnaire, que tu enterreras, tu sais ce que cela vaut.
Tu trouveras là de quoi dédommager tes espérances du côté de
tes parents. Un enu-ii; par exemple, c'est qu'il faut aller à la
campagne, bien loin de Lyon, une partie de l'année. Le châ-
teau est plus bas que Saint-Etienne, dans le Vivarais, dit-on.
Mais je ne sais pas tes opinions là-dessus, et, à ta place, moi-
même je ne manquerais pas cette occasion

  A bientôt donc !
                                Ton amie, Louise   MACARIEL.


                             LETTRE VI.
          De Constance Daymer a Louise Macariel.
                                   D'Abbans, 22 avril 1865.

         Ma chère amie,
  Je suis enchantée de la proposition que m'apportait ta d e r -
nière lettre. Cela s'annonce si bien, que j'espérais à peine trou-
ver quelque chose d'approchant. Tu vas être bien étonnée,