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ÉTUDE HISTORIQUE SUR CLUNY. 297 parlé au commencement de notre travail. C'est lui qui porta à son apogée la grandeur spirituelle et artistique de la congrégation de Cluny et figura aussi dignement que ses précécesseurs, Mayeul et Odilon, dans les conciles des pères de l'Eglise et dans les conseils des rois. Des hommes illustres par leur naissance ou par leur pro- fond savoir vivaient alors dans le saint asile de Cluny. Parmi les premiers nous pouvons citer Hugues I er , duc de Bourgogne, Guy, comte de Mâcon, Geoffroy, comte de Se- mur et frère de saint Hugues, un comte d'Albon, un comte Hermann, de l'antique maison de Zeringhen, et une foule d'autres personnes des premières familles de la chrétienté. Parmi les seconds, c'est-à -dire parmi les savants 3 nous pouvons citer Raoul Glaber et Orderic Vital, chroniqueurs français de cette époque, Alger, savant théologien, natif de Liège, Erelon, architecte de la grande basilique de Cluny, mais surtout Hildebrand de Soana, qui, devenu pape sous pe nom de Grégoire VII, soutint avec force et persévérance cette querelle des investitures qui occupe une si grande place dans l'histoire de la fin du xie et du commencement du xu a siècle, et Urbain II, son succes- seur, qui, dans sa jeunesse, fit ses études théologiques à Cluny, écrivit à saint Hugues ces paroles solennelles : Cluniacensis congregqtio „ divino chrismate ceeteris imbuta pleniés, ut aller sol etiitet in terris. Et ce soleil terrestre n'a pas perdu encore sa brillante clarté dans le courant du xu e siècle, au milieu du grand mouvement des croisades, lorsque le pouvoir abbatial se trouvait dans les mains habiles de Maurice de Mbntbois- sier, connu dans l'histoire sous le nom de Pierre-le-Véné- rable. C'est Pierre qui accueillit à Cluny le célèbre Abeilard et qui défendit d'une manière si vigoureuse sa commu- nauté contre les attaques ardentes de saint Bernard, abbé de Clairvaux et protecteur de la nouvelle congrégation des moines de Cîteaux. 20