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298 ÉTUDE HISTORIQUE SUS GLCNY. Mais comme toute chose sur la terre a sa période de croissance, le point de l'apogée et une époque de décroissance et de chute, l'institution de Cluny commen- çait à pâlir au xm° siècle, au milieu des dernières croisa- des, des guerres contre les Albigeois, de l'apparition des nouveaux ordres monastiques, et principalement en face du pouvoir royal, qui grandissait toujours. Il n'y avait plus dans la congrégation des grands hommes pour en faire les chefs ; au contraire, quelques médiocrités ambi- tieuses apparurent parmi les clunistes , les élections des abbés devinrent bruyantes et scandaleuses, et les moi- nes se divisèrent souvent en deux camps ennemis,, pour soutenir les candidats opposés. Bientôt après, le comté de Mâcon, sur le territoire duquel se trouvait le couvent, de- vint le domaine direct du roi saint Louis. A cette époque ce monarque jugea à propos de venir lui-même, en personne, à Cluny, avec sa femme, avec sa mère, la reine Blanche, avec les seigneurs de sa maison et avec sa cour toute en- tière. Il y vint principalement pour conférer avec le pape Innocent IV, mais le rôle de l'abbé était nul dans cette circonstance (1). L'autorité royale effaçait déjà tout en France, et Louis IX savait bien diriger par lui-même le char de l'Etat et sa politique internationale. Au commencement du xiv° siècle, la papauté fut obli- gée d'abandonner Rome et de s'établir à Avignon. Cluny qui, dans les siècles précédents, a été souvent la résidence temporaire des papes ; Cluny qui a vu, en 1124, dans ses murs, la mort de Gelas II et l'élection de son suc- cesseur Calixte I I , un de ses propres moines ; Cluny qui a été considéré comme la seconde Rome, d'où est parti le signal de l'opposition du Saint-Siège contre l'arbitraire des empereurs ; Cluny, dis-je, s'est vu tout à coup primé par Avignon, ville insignifiante, dans l'histoire religieuse. (i) C'était Guillaume de France, un des petits-fils de Philippe- Auguste.