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294 ÉTUDE HISTORIQUE SUR CLUNY. tôt solennellement ses disciples sur les bords de la Grône. Dix-sept ans plus tard, c'est-à -dire dans l'année 926, Bernon mourut, mais avant de mourir il indiqua pour son successeur Odon, un de ses moines, qui était parfaitement à même de continuer et de faire prospérer l'œuvre com- mencée^ Cluny par son maître. Odon, ex militari Francorum prosapiâ, issu d'une fa- mille de guerriers francs, possédait un fond de piété réelle, une éloquence entraînante, un dévoûment sans bornes pour le service de l'humanité et un talent tout particulier pour persuader et pour conduire les hommes. — Il était en même temps d'une sobriété rare parmi ses compatrio- tes, car il ne buvait jamais de vin, extra tiaturam Fran- corum, dit le chroniqueur de la congrégation. C'est Odon déjà , qe deuxième, ou à proprement parler, ce premier abbé de Cluny, qui a su rendre dans très-peu de temps le nom de ce monastère célèbre dans toute la chré- tienté. Il a su gagner et conserver jusqu'à sa mort l'amitié des frands, le respect du peuple et la bienveillance du Saint-Siège. Appelé, en 936, par le pape Léon VII, en Italie, il obtint la mission de réformer les couvents de bénédictins dans la péninsule et même dans la Ville Eter- nelle. Après avoir arrangé heureusement les différends de plu- sieurs princes italiens, il rentra à Cluny avec les bénédic- tions papales, avec une foule de reliques précieuses et avec les dons et les privilèges de toute espèce, devant assurer l'avenir de sa communauté. C'est cet abbé qui a obtenu du roi de France Raoul bu Rodolphe,en 930, le droit de battre la monnaie spéciale à Cluny, dont on trouve encore quelques pièces dans les collections numis- matiques du moyen âge. Après la mort d'Odon, en 944, les clunistes réunis élu- rent son successeur. C'était Aymard, déjà prieur de l'ordre, qui fut surnommé fils de l'innocence et de la simplicité. Il n'a gouverné la congrégation que dix ans seulement,