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ÉTUDE HISTORIQUE SUR CLUNY. 295 mais dans ce court laps de temps il a su enrichir le cartu- laire du couvent de 270 chartes nouvelles, preuve évidente de la grande considération qu'avaient pour ce monastère les empereurs, les rois et en général tous les grands sei- gneurs de cette époque. ,, Mais Mayeul d'Avignon, le successeur d'Aymard et quatrième abbé de Cluny, qui obtint le surnom de prince de la religion monastique et arbitre des rois, le même qui préféra la charge abbatiale de son couvent à l'arche- vêché de Lyon, sut élever encore plus haut la gloire et la puissance de la nouvelle congrégation. Confident de Conrad-le-Pacifique et de Rodolphe III, roi de Bourgogne transjurane, il était en même temps le directeur spiri- tuel de la célèbre Adélaïde, sœur de Conrad et femme d'Othon I er , empereur d'Allemagne. C'est Mayeul qui a soutenu par ses conseils cette femme extraordinaire, qui- a exercé une influence politique immense pendant un demi siècle, non-seulement sous le règne de son mari, mais même après la mort de celui-ci, sous celui d'Othon I er , son fils, et d'Othon III, son petit-fils. Mayeul a su aussi maintenir une sage neutralité entre la puissance impériale, qui do- minait sur la rive gauche de la Saône et du Rhône, depuis les Vosges jusqu'à la Méditerranée, et l'autorité des Capé- tiens, encore mal affermie dans le duché de Bourgogne et dans le comté de Mâcon. Mayeul, en'mourant, dans l'année 994, indiqua le jeune Odilon, natif de l'Auvergne, pour être son successeur, et celui-ci ayant pris les rênes du gouvernement de la con- grégation, l'éleva encore plus haut que ne purent faire les quatre premiers abbés dont nous venons de retracer les faits et les gestes. C'est Odilon, qui ferma, pour ainsi dire, les yeux à l'impératrice Adélaïde, au château d'Orbe, en Alsace, le 16 décembre de 999; c'est lui qui, trente-cinq ans plus tard, ouvrit les portes du monastère de Cluny au jeune Casimir, roi de Pologne, qui était,par sa mère Rixa, l'arrière-petit-fils de cette célèbre impératrice. Chassé de