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                  ÉTUDE HISTORIQUE SUR CLUNY.              293

     C'est au ' commencement du x° siècle et sous le règne
  agité de Charles-le-Simple qu'un puissant seigneur de
  cette époque, Guillaume, duc d'Aquitaine et de l'Auver-
  gne, a résolu de faire quelque chose pour le remède de
  son âme, comme on avait l'habitude de le dire dans ce
  temps, pro remedio animm sues. Entre autres domaines
  dans toutes les parties de la Gaule , que ce riche seigneur
  possédait alors, il avait aussi quelques fermes, quinde-
  cim colonias, situées près de Mâcon, au milieu d'une
  vaste forêt, sur les bords d'une petite rivière qui porte
  le nom de la Grône, c'était Cluny d'alors , Cluniacum ad
  Graunam. C'est là que le duc a résolu de construire une
  église et de modestes habitations de moines, officinas
  mônachorum, comme dit un ancien chroniqueur du pays.
  Mais la grande affaire pour le fondateur était le choix de
  l'abbé, le choix du pasteur du troupeau. Cependant les
  circonstances ont favorisé Guillaume dans son entreprise.
  Parmi ses contemporains, il se trouvait un homme d'une
  grande piété et de grand mérite, il était en même temps issu
  d'une haute lignée, car sa mère_ était de la maison des
  comtes de Bourgogne, et par son frère, à ce que l'on
  croyait alors, il descendait des anciens rois mérovingiens.
  Quoi qu'il en soit, cet homme, qui s'appelle Bernon, tout
  grand seigneur qu'il était, avait une vocation réelle pour
, l'état ecclésiastique et toutes les qualités nécessaires pour
  diriger une communauté pieuse au milieu des troubles et
  des agitations continuelles de ce siècle barbare , que Ba-
  ronius lui-jnême a appelé ferreum, plumbeum, obscurum.
  Bernon, d'ailleurs, n'était pas à son coup d'essai, car il
  gouvernait déjà, à l'époque où Guillaume s'adressa à lui,
  deux grands monastères ceux de Baulmes et de Gigny ,
  dans la Franche-Comté, où le duc Guillaume vint le cher-
  cher pour lui confier la fondation de celui de Cluny.
   Le bienheureux Bernon entreprit courageusement la
 tâche proposée, choisit ' douze moines, pris par moitié,
 parmi ceux de ses deux anciens couvents et établit bien-