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224                    CONSTANCE DAYMER.

   Mademoiselle, j'attends avec inquiétude un mot de réponse à
celte lettre, si vous daignez me le faire. Le pays a changé de
tournure pour moi depuis l'affaire de huit mois, que vous êtes
partie. Il me semble qu'en m'écrivant vous y feriez revenir le
soleil. Ce que j'en dis n'est pas pour "vous manquer, étant et
demeurant votre très-respectueux serviteur.
                          Antoine POULAIIXOT, maître d'école.


                          LETTRE XVII.

           D'Isidore Lollier à Constance Da^mer.
                                    Lyon, 19 janvier 1866.

          Mademoiselle,
   Voire détermination est rigoureuse et prouve toute l'élcvalion
 de votre vertu. J'avais eu soin de vous demander un rendez-vous
dans un lieu qui n'est rien moins que désert ; ma reine s'y re-
fuse et je dois avec soumission m'incliner devant sa volonté sou-
veraine, trop heureux qu'elle ne m'ait pas rebuté par son si-
lence. Puisque vous avez la bonté et la patience de me lire, je
vous exposerai par écrit les replis de mon cœur, mon histoire et
les détails de ma position sociale.
   Je n'ai ni père ni mère. Tous deux sont morts. Mon père a
fait un commerce considérable, qui lui a donné des bénéfices
immenses, mais il a été dupé par des banquiers avec qui il avait
un Iraité, et, avec l'aide de la justice, ceux-ci lui ont tout en-
enlevé. Heureusement ma mère était mariée sous le régime
dotal. Elle a laissé en mourant une bonne succession, qui est
aux mains de mes frères et sœurs, qui me paient loyer. L'une
d'elles a épousé le notaire d'Yenne. Pour moi, désireux de voir
le monde et de faire du commerce, la seule manière de s'enri-
chir, je suis venu à Lyon, il y a quatre ans, comme je vous l'ai
dit. J'avais d'abord songé à l'épicerie, aux denrées coloniales;
mais on est trop bête dans ce commerce-là et c'est malpropre.
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