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20t> CONSTANCE DAYMER. en lui disant qu'il sentait trop le fumier. 11 est vrai que, si je n'aime pas le mariage, j'ai la ressource de me faire religieuse avec ma sœur Ursule; qui prend cette défilée très-sérieuse- ment. J'aimerais bien mieux entrer, comme ouvrière, dans un ma- gasin de confection, où je pourrais gagner de l'argent, de façon à me marier à la ville. Je préférerais- même à la vie qui se pré- pare ici pour moi, une place de femme de chambre. Avec mon instruction et ma figure, j'en puis trouver une très-bonne et qui sait? As-tu lu le Marquis de Villemer, le dernier roman de Georges Sand, cette femme écrivain, sublime, qui travaille avec tant de persévérance à réhabiliter notre sexe? On y voit un marquis, fils de marquis, l'arrière-arrière-grand'père de qui était aux croisades, qui épouse bravement sa lectrice. Cela n'est donc pas invraisemblable. Vois donc si tu peux me trouver une place de femme de chambre quelconque; un pied à Lyon, je m'élèverai plus tard à mieux, si elle est disproportionnée avec mes talents. Ce sera un grand plaisir pour moi que de me trouver à tes côtés ; tu sais que je t'aime comme une sœur, et, en vérité, qui sait qui fut notre mère? CONSTANCE. LETTRE V. De Louise Macariel à Constance Daymer. Lyon, avril 1865. Ma chère, Je t'ai promis de te parler de la place où je suis maintenant. C'est une grande maison. Us sont à Bellecour. Il y a monsieur, madame et mademoiselle, qui a quinze ans, plus un fils aux écoles, qu'on n'a pas encore aperçu. Pour le service, il y a moi, la cuisinière et un homme. J'avais bien envie d'entrer dans une bonne maison, comme cela, où il y ait un grand train et un domestique, ce qui fait qu'on rit un peu aux repas, tandis qu'entre femmes on ne peut guère que se disputer. La cuisi-