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                        CONSTANCE DAYMER.                      207

  nièrc, d'abord, est une vraie gale ; les meilleurs morceaux sont
  pour elfe, probablement parce qu'elle les a préparés, et quand
  elle est au fourneau il n'y a pas moyen de lui dire une parole,
  si ce n'est qu'il faut souvent qu'on lui aide. Le garçon est bien
  bon enfant. II a trente ans, ancien militaire, même qu'il était
  sapeur, quoiqu'il n'ait plus la barbe aussi longue. Je m'amuse
  bien à lui chanter à tout propos : Rien n'est sacré pour un sa-
 peur! Madame va à la messe à Saint-François tous lés matins
 et gronde les domestiques en rentrant. A ce moment, elle s'oc-
 cupe surtout de l'ouvrage, fait la distribution des choses néces-
 saires, linges, légumes secs, épiceries en provision; car elle
 tient tout sous clé, ce qui n'est guère flatteur pour les domes-
 tiques, mais nous permet de prendre ce qu'on a abandonné.
 A onze heures, elle déjeune, souvent seule avec mademoiselle.
 A midi, elle se met à lire, tout en causant avec sa fille; ce qui
 dure jusqu'au dîner en cas de mauvais temps. S'il fait beau,
 dans le milieu du jour, on sort à pied ou en voiture. Le soir,
 on s'ennuie, quand il ne vient pas de monde. Les visites ne sa-
 vent pas se retirer. Il nous faut être sur pied jusqu'à onze heu-
 res ou minuit. Souvent aussi on va au bal ou.au théâtre et
 c'est alors surtout que nous devons veiller, comme si nous nous
 amusions autant que les maîtres. Avec cela, à six' heures du
 matin, il faut être levé. Madame sonne, nous reçoit au lit et,
 s'assurant que nous avons déjà la figure propre, les cheveux
lisses et la prière faite, elle nous renvoie à l'ouvrage. Monsieur
 est presque toujours dehors. Il s'appelle de et la voiture porte
un large écusson ; mais tout le monde sait qu'il n'en a pas le
droit, étant moins noble que les Servolet. On exige beaucoup
de toilette de moi, ce qui m'amuse bien. J'ai bien du temps
pour cela et parfois la tailleuse vient exprès pour moi. Le di-
manche, j'ai de onze neures et demie à six heures, du déjeuner
au dîner, moyennant que j'aille à vêpres. Mais, comme ce n'est
pas permis de s'y mettre à côté de madame, elle ne sait pas si
j'y vais ou non. J'ai la ressource d'y paraître au commencement
et, si elle me demande sur quoi on a prêché, je dis que j'ai été
à une autre paroisse.