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48 DU SURNATUREL. tien, l'universalité, la publicité, la spontanéité dans ceux qui l'opèrent, les admirables transformations qui en résultent. Ces caractères sont si exclusivement propres au surnaturel chrétien qu'ils suffiraient pour en établir la réalité, s'il n'y avait dans le monde que des hommes droits et cherchant la vérité dans la simplicité de leur cœur. Mais, ce qui suffit au bon sens fait sourire la superbe du philosophe qui ne juge que d'après sa science. Pour M. Renan, par exemple, il n'y a que la science qui soit compétente dans la constatation des faits surnaturels : « Aucun des miracles, dit-il, dont les vieilles his- toires sont remplies ne s'est passé dans des conditions scientifi- ques; » or, ces conditions scientifiques, selon M. Renan, c'est la présence d'une commission composée de physiologistes, de physiciens, vde chimistes, de personnes exercées à la critique historique; donc, d'après M. Renan, aucun des miracles an- ciens n'est admissible. Cette assertion dénuée de preuves ne mériterait pas d'être réfutée, si un public, malheureusement égaré par la réputation de l'auteur, n'y avait fait écho. Exi- ger que tout miracle, pour être raisonnablement admis, se passe devant une commission d'hommes spéciaux composée ad hoc.' Franchement ce n'est pas sérieux I II n'est personne de sensé qui ne se moque d'une pareille condition de certitude imposée au miracle, parce qu'une pareille condition est impossible, at- tendu que tout, miracle est un fait spontané, imprévu, opéré toujours dans une circonstance aussi imprévue que lui, et non une expérience de laboratoire concertée dans un but scienti- fique; attendu que tout miracle est une œuvre destinée à glori- fier la foi, et non un spectacle ménagé pour repaitre une curio- sité vulgaire. Et pourquoi, à défaut de la science, le simple bon sens ne suffirait-il pas pour constater la réalité d'un miracle? Pre- nons la résurrection d'un mort, le fait surnaturel de l'ordre le plus élevé, selon l'opinion commune. Voici un homme qui succombe à la suite d'une maladie de langueur.^ La vie n'a point été chassée par un coup subit, elle a été épuisée, pour ainsi dire gootte à goutte, en sorte que l'extinction ne saurait