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DU SURNATUREL (FIN (1) Évidemment, tous .ces essais de miracles et toutes ces façons de thaumaturges montrent combien le paganisme comptait sur l'exhibition du surnaturel pour se soutenir contre le christia- nisme. Il n'en revenait pas, et malgré les défaites répétées du polythéisme, son illusion durait encore sous Julien, puisque Libanius se croyait en droit de dire à ce tardif restaurateur de l'hellénisme : « Vous jouissez d'une si grande familiarité avec es dieux que, non-seulement ils agréent vos sacrifices, ils vous font connaître les choses cachées par le vol des oiseaux et les entrailles des victimes, ils vous accordent le don de prédire l'avenir, mais qu'ils vous gratifient encore de tous les bons offi- ces que les hommes se rendent entre eux (2). » Le sophiste n'é- tait peut-être pas le seul à ajouter foi à de telles fables, mais en face de ce qui se passait chez les chrétiens, le discrédit du surnaturel païen devenait de plus-en plus irrémédiable. En effet, il n'y a pas un seul des prodiges racontés par l'histoire du paganisme qui puisse affronter debout la moindre discussion, et, il n'y a pas d'auteur moderne, que nous sachions, qui se soit imposé la tâche difficile d'en constater un seul. Il était réservé au christianisme de manifester aux hommes les faits vraiment surnaturels. Son avènement dans le monde lui en imposait doublement la nécessité: d'abord, pour confon- dre ce faux surnaturel sur lequel s'appuyait le paganisme; en- suite, pour faire prévaloir ses dogmes et surtout sa morale. (1) Voir la précédente livraison. (2) Ambassade de Libanius à Julien.