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 NOTE SUR UNE GRAVURE INÉDITE DE KARL AUDRAN.




   Il y a déjà quelques années, le hasard nous fit décou-
vrir, dans une maison des montagnes du Forez, une
belle planche de cuivre représentant une allégorie qui
intéresse à un double titre, par le sujet et par le nom du
graveur, l'histoire de nos provinces lyonnaises.
   On lit en effet dans un angle ces simples mots : K.
Audran     fecit.
   Quant au sujet qu'elle représente, avant d'essayer de
l'interpréter, peut-être convient-il d'en donner la des-
cription, en rétablissant les figures dans le sens du
report calcographique.
   Au milieu d'un paysage assez peu compliqué, car il ne
se compose que du terrain et de deux arbres, dont l'un au
dernier plan, le principal personnage se tient debout, la
tête nue et couronnée de lauriers. Il porte la moustache
et la royale ; une grande fraise, une cuirasse décorée
d'une écharpe en sautoir ; un haut-de-chausses assez étroit
et des bottes molles complètent son costume, qui appar-
tient, comme on le voit, à l'époque de la Ligue. De la
main droite il remet son épée à une femme drapée dans un
manteau, coiffée d'un casque lauré dont un sphinx forme
le cimier, et qui soutient une colonne du bras droit.
   Du côté opposé, c'est-à-dire à la droite du spectateur
qui regarderait la gravure, si elle existait, une autre
femme dont le vêtement est semé de croix et de fleurs
de lis présente au héros quatre personnages.Trois d'entre
eux sont à genoux dans une posture suppliante, le qua-
trième est debout, un cimeterre au côté et un schapska à
plume à la main. Tous portent de longues moustaches, et
sur le front une grosse mèche de cheveux. Ils sont vêtus
d'un justaucorps et d'un manteau, et chaussés de souliers