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LES CHASSl'.l'IiS 1)K HENNES. 257 cet incident qui n'est qu'un mauvais prétexte, je veux connaître les prétentions des Cheveux-Pà les et savoir dans quel but vous avez passé la rivière en armes et en aussi grand nombre avec vos tentes et vos troupeaux. Parle, nous t'écoutons. Le vieillard garda le silence. — Puisque tu es devenu muet subitement, je vais te le dire, moi ! Vous avez reçu, il y a deux jours, la vi- site d'un Chasseur de rennes, d'un traître qu'on appelle ici Patte-de-Tigre. Le vieillard fit un mouvement de surprise et un geste négatif. — Le fait est certain, et j'ai vu moi-même Patte-de- Tigre au milieu de vous. Le lâche, pour se venger de griefs qu'il prétend avoir contre moi, a médité la ruine de ses frères. C'est lui,'qui, cette nuit, guidait vos hom- mes par les sentiers qui mènent au sommet du Rocher ; c'est lui qui vous a promis de vous livrer les mines de silex, à la condition que vous m'abandonneriez à sa ven- geance. Voilà son but et le vôtre. Ai-je dit vrai ? — Tu as dit vrai. Nous vouions que les Chasseurs de rennes nous cèdent la possession du Rocher, le terri- toire des mines de silex et l'étranger qui vit avec eux. — Cet étranger, c'est moi, et tu peux aller dire aux Cheveux-Pâles que je réclame d'abord le vieillard, mon frère, que vous avez fait prisonnier, il y a deux jours sur les bords de la rivière. Quand vous l'aurez rendu, nous examinerons vos propositions. Autrement, j'irai le cher- cher moi-même dans votre camp. — L'audace de tes paroles pourrait vous être funeste. Tu n'as pas réfléchi que tes hommes seraient à peine assez nombre ix pour garder nos chevaux, et que nous avons trois fois plus de guerriers que tu n'en peux réunir der- 17