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LES CHASSEURS ï>E RENNES. 37 dant à Patte-de-Tigre, qui veut m'épouser pour devenir chef à son tour, et que j'ai en horreur. La belle I-ka-eh se prit la tête entre les mains et de- meura un instant pensive. Puis se redressant tout à coup •. — J'ai une idée, me dit-elle. Tu es de ma race, tu es beau, tu es fort, tu dois être un grand chasseur, épouse- moi ; tu te peindras la figure en jaune et tu succéderas à mon père. Cette proposition faite à l'improviste ne laissa pas que de me surprendre, et je promenai les yeux tout autour de la hutte, de l'air hagard d'un homme qui se noie et qui cherche une branche pour s'y raccrocher. — Et Patte-de-Tigre, balbutiai-je? — Patte-de-Tigre est méchant, mais il est lâche ; on ne le verra plus ; il se cachera et ne sortira que la nuit, à l'heure où les loups hurlent. D'ailleurs le mariage ne peut se faire encore, ajouta-t-elle, en comptant sur ses doigts. Ce sera dans six lunes, deux fois huit lunes après le départ de mon père. C'est l'usage. Je respirai. Ce long terme me donnait le temps de ré- fléchir et je quittai ma sauvage fiancée, lui disant que j'allais faire part de sa proposition à mon compagnon, qu'en sa qualité de vieillard et de sorcier je consultais en toute circonstance. — Va, me dit-elle, et méfie-toi de Patte-de-Tigre. Au moment où je sortais, une flèche me siffla à l'oreille et j'entrevis une forme humaine qui disparaissait der- rière la hutte d'I-ka-eh. XVI Je trouvai le docteur fort occupé. — Au lieu de perdre mon temps comme vous à me promener, me dit-il, voyez si j'ai travaillé!