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DE L'ÉGLISE DE SAINTE-ANNE A ROANNE. 415 ble. — Le choix d'un système de coloration était ici cepen- dant tout indiqué. Dans notre édifice très-simple, la pein- ture décorative ne doit pas, comme à la Sainte-Chapelle, à Notre-Dame, ou à Saint-Pierre de Mâcon chercher à lut- ter par l'intensité et la diversité des tons contre l'éclat des vitraux colorés ; et les raisons d'économie aidant, il deve- nait naturel de s'en tenir pour les parties verticales, murs et colonnes, à deux des trois tons primitifs, le jaune et le rouge, avec les indispensables rehauts eÇredessinés noirs et avec l'appoint blanc. — Pour les voûtes, plus éloignées de l'œil et qu'on ne voit qu'à travers l'atmosphère irisée par la lumière traversant les verrières, on pouvait faire intervenir sobrement le troisième ton, le bleu et ses déri- vés, le pourpre et le vert, avec appoint d'or, fonds et filets noirs ; ces derniers nécessaires pour éviter les bavures des tons voisins les uns sur les autres et conserver à cha- cun d'eux sa valeur propre. — Sans se préoccuper de ces calculs, M. Zacchéo s'est laissé aller à l'emploi simul- tané, très-coùteux, do tous les tons de la palette, avec l'or semé à profusion, oubliant qu'il devait dès lors au moins s'interdire les surfaces blanches et les fonds trop clairs. — De cette variété de moyens et de cet oubli résulte l'aspect fade et pauvre de son travail, auquel ne pouvait remédier l'emploi prodigué de l'or. — L'or n'est qu'un assaisonnement presque obligé du bleu, couleur trop rayonnante, et son emploi multiplié à tout propos n'est souvent qu'un aveu d'impuissance. On peut obtenir une harmonie décorative vive, chaude et riche sans une par- celle de bleu ni d'or ; — témoin celle du xn e siècle, uni- quement composée de tons jaunes, bruns, rouges, verdâ- tres, gris ardoise, gris noir, de noir et de blanc. — L'encadrement et le socle des deux figures de sainte Thérèse et sainte-Claire sont peints avec emploi de bruns