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                 LES CHASSEURS DE RENNES.                  179

parure, contre du silex que leur fournissaient les gens
de Solutré. Ces relations commerciales n'ayant jamais
pris un caractère d'hostilité, je fus rassuré sur leur pré-
sence, et comme d'ailleurs nous marchions en sens inver-
se, je donnai le signal du départ.
   Néanmoins cet incident nous mit dans un grave em-
barras. Le sol était tellement foulé par les hommes et
les bêtes, que les traces du docteur avaient presque com-
plètement disparu. C'est à grand peine, à force d'atten-
tion et de soins que nous retrouvions, ici l'empreinte du
talon ; là, une portion de la semelle ; ailleurs, trois clous ;
mais de piste régulière, point. Il en résultait un retard
forcé qui me désespérait et m'ôtait tout espoir de rejoin-
dre de si tôt mon inforuné compagnon ; et j'avais même
quelques craintes sur les conséquences de sa rencontre
possible avec les Cheveux-Pàles. Toute la question était
de savoir si ces derniers avaient opéré leur débarque-
ment sur la rive droite avant ou après le passage du
docteur.
    Tout à coup, un de mes hommes s'arrêta, se baissa, et
poussa un cri.
   •— Eh bien, qu'y-a-t-il ? demandai-je.
   — Patte-de-Tigre !
   Comme je regardais autour de moi, sans rien aperce-
voir qui ressemblât à Patte-de-Tigre, il me montra sur
le sable l'empreinte d'un mocassin. Les hommes s'appro-
chèrent et confirmèrent le diagnostic du premier. C'était
bien le pied de mon ennemi, reconnaissable, paraissait-
il, à la manière particulière dont il croisait sous la se-
 melle, les courroies de sa chaussure.
  Cette circonstance me sembla d'une gravité fort in-
quiétante et la présence de Patte-de-Tigre au milieu de
guerriers étrangers, après ce qui s'était passé entre lui