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SIDOINE APOLLINAIRE. 223 « désavantage de la position les fait succomber, la mort « seule peut les abattre, jamais la crainte. Ils restent « invincibles, et leur courage semble leur survivre au- « delà même de la vie. » {Carmen V, vers 250 à 255). « Plus heureux que moi, vous n'êtes pas forcé de voir, « d'entendre, de sentir, de rassasier ces énormes et dé- « goûtants colosses que pourrait contenir à peine la cui- « sine d'Alcinoûs. » {Carmen XII). Majorien ayant été assassiné en 461, il paraît que, désenchanté de cette vie pleine de troubles et de tem- pêtes, Sidoine rompit avec le monde et alla chercher une retraite dans le calme au sein des montagnes de l'Arver- nie,dansla délicieuse villa d'Avitac, près dulac Chambon, au pied du Mont-Dore. Cette maison de campagne, qu'il se plaît à décrire dans ses lettres et ses poésies, « qui lui venait de sa femme et lui était par là même plus chère, » offrait,sous une apparente simplicité,l'élégance,lamodeste opulence, la savante et confortable ordonnance que l'art des anciens ménageait sihabilement jusque dans leursmai- sons de campagne; au milieu des cours et des jardins, de magnifiques jets d'eau ; partout on voyait des galeries d'où l'on pouvait contempler la scène animée du lac. Souvent, dans les repas de famille, on dressait les tables tantôt sous les grands tilleuls dont le feuillage protégeait les convives, tantôt sur une plate-forme d'où la vue errait sur le miroir du lac, la feuillée des bois et les prairies parsemées de riches troupeaux. Dans sa douce retraite, Sidoine avait autour de lui sa pieuse famille, c'est-à -dire sa femme, son fils Apolinaris, tué plus tard à la bataille de Vouillé, deux filles, Séveriana et Roscia, qui entrèrent en religion, et son excellente mère. Ecdi- cius, son beau-frère, l'un des plus illustres défenseurs de la Gaule, et, un grand nombre de parents et d'amis le