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310                     BIBLIOGRAPHE.
un de ces quatre matins sur la tête, car je ne suis pas
engagé pour tirer des lignes, ou mettre des plumes à
l'oreille, mais bien des balles dans mon fusil. »
    Le secret de cette égalité d'âme dont l'ascendant devait
être si puissant, nous le trouvons dans les sentiments
religieux qui se font jour dans la plupart des lettres du jeune
soldat.
    Voici quelques détails sur l'une de ses nuits :
    « Jusqu'à une heure, j'ai circulé sur le chemin de ronde,
dominant toute la plaine, à l'heure de plein soleil, mainte-
nant, sans horizon, sans lune, sans étoiles, sous le brouil-
lard ; attachant mon regard aux coins sombres, furetant de
l'œil les teintes obscures, réveillant les caporaux de ser-
vice, auxquels le sommeil fait si souvent oublier les
pauvres factionnaires grelottants.
    « Ce sont mes bonnes heures à moi. C'est mon unique
repos que ce retour possible à la vie contemplative, car nos
journées sont si pleines d'actes, et j'ai tant besoin de pen-
sées ! J e prends pour vivre sur mon repos. »
    M. Roux cite un grand nombre d'autres lettres, qui achè-
vent de faire connaître Paul Sauzet, et expliquent que si la
mort devait choisir ses victimes parmi les plus braves et les
plus nobles, il se trouvait nécessairement prédestiné à ses
coups.
    Passons sur les combats des derniers jours de novem-
b r e ; nous voici à Champigny. Le 136e régiment de marche
a été désigné pour prendre part à l'attaque; dès le matin,
tout le monde prévoyait une journée chaude. Avant l'action,
le capitaine de la3 e compagnie du 1 er bataillon serra la main
à ses compagnons d'armes et leur souhaita à tous de les re-
voira la fin du jour. « Alors, — suivant le témoignage de cet
 officier — comme s'il avait eu le pressentiment de sa fin et la
 vision de l'éternité, Paul Sauzet voulut faire passer dans
l'âme de ses camarades Iafoidontiletaitrempli.il éleva la
 main, fixa ses regards sur le ciel et le leur montra a tous
comme leur véritable rendez-vous. »