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430 LES CHASSEURS DE RENNES. — On ne peut douter, mon cher ami, que l'homme ait vu tout cela, parce qu'on rencontre fréquemment ses ves- tiges et ses débris sous les sables et sous les limons dilu- viens. Etait-ce le déluge de Moïse? Je l'ignore , mais je n'y vois rien d'impossible, parce que la grande catastro- phe, qu'on trouve affirmée d'ailleurs par les traditions de tous les peuples de l'hémisphère boréal, a dû laisser des traces considérables. Je n'en connais pas déplus im- portantes ni de plus,récentes que celles dont je viens de vous parler. XXV — Prend-on des éléphants dans votre pays, demanda I-ka-eh, passant tout à coup à un autre ordre d'idées? Nous fîmes signe que non. — Eh bien, venez avec moi ; nous allons prendre un éléphant. Je ne m'étonnais plus de rien, et, mon fusil à l'épaule, je partis pour la chasse à l'éléphant comme s'il se fut agi d'un affût à la bécasse. Le docteur, à peine remis de ses émotions de la veille, resta au logis. Nous descendîmes cette fois la vallée de Solutré, nous dirigeant vers les plaines qu'arrosent les rivières de la Grosne et de la Saône. I-ka-eh marchait en avant, frayant le sentier à travers les bouleaux. Elle s'était ar- mée, pour la circonstance, d'une lance et d'un arc, ce qui lui donnait un certain air de Diane chasseresse, la Diane du Nord ! Sa grande taille, sa souplesse de liane, sa dé- marche facile, ses longs cheveux au vent, ses beaux bras nerveux, qu'elle étendait à droite et à gauche pour écar- ter les branches, justifiaient, ma foi, l'épithète dont je la gratifiais intériourement. Une vingtaine d'hommes nous