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18                      LA TESSONNE.

le parpaillot ! Il feint de se convertir, fait appeler un
moine de Noally pour lui donner la communion ; tout à
coup un bouc immonde affublé comme un chrétien dans le
lit seigneurial, bêle au moine: « Tu vas, cagot, profaner
l'hostie, crie le mécréant, communie ce bouc, ou je te
tue ! »
   A l'instant, grand vacarme ! La ville de l'Espinasse,
bien du maudit, s'abîme en t e r r e ! Hélas, pauvres esprits,
                On rit de vous même au village,
                  Votre règne est passé.
   Démêlons dans ce conte rustique un peu de vérité. Le
vieux donjon, siège de la baronnie de l'Espinasse reste
seul du château et de la bourgade qui depuis l'époque
romaine s'élevait sur ces anciennes limites des Gaulois
 Ségusiaves, Ambluarètes et Branovii, (sur les limites du
Forez et du Brionnais), joua sans doute son rôle dans les
grandes guerres à propos de ces bornes peu précises, et
 qui finirent par le traité de 1223, entre Marie de Semur
et Guy de Forez. Il dut aussi opposer résistance aux An-
 glais (1363) et plus tard, en 1441, aux Ecorcheurs.
   Mais les guerres de religion et celles de la Ligue le,
trouvèrent encore debout. En 1589, le maréchal de Saux-
Tavannes guerroyait dans les environs de Marcigny. Il
avait emporté la tour de Milamperle, pleine de sel mis
en dépôt par des marchands lyonnais, heureuse aubaine
pour ses soudards avides de pillage; il poursuit les li-
gueurs dont la plupart étaient Forésiens; Varenne-Nagu,
Tallemont et Rouvray se replient sur l'Espinasse et s'en-
ferment dans le donjon ou dans le village, dont les mai-
sons étaient couvertes en paille. Saux-Tavannes y met le
feu; les compagnies de Tallemont-Rouvray, chassées par
les flammes, sortent en désordre, et sont massacrées
dispersées, semant de leurs cadavres les hauteurs de