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320 CHRONIQUE LOCALE. nu. on a représenté les malheureux Allemands comme vivant chez nous sous un régime de terreur; le petit journal Y Anti-Prussien a, sur l'invitation de l'autorité, cessé de paraître, et le sieur lahr s'est empressé de demander des dommages-intérêts. Il était dans son droit. Quelle qu'ait été la conduite du sieur lahr pendant la guerre, au lieu. de casser sa devanture, on devait simplement ne pas acheter chez lui. Comme pour les couvents, comme pour le Parc, la ville payera. — Le gérant du journal le Défenseur des Droits de l'homme a été condamné à 4000 fr. d'amende et à quinze mois de prison. — Un violent incendie a détruit, dans la nuit du 12 au 13, la mai- son de la rue Mercière, habitée autrefois par les frères Périsse et au- jourd'hui par l'imprimeur Rossier. Le rez-de-chaussée ayant été heureusement préservé, on a pu continuer l'impression dn Petit Lyon- nais et reprendre, au bout de deux jours, la publication du grand, journal quotidien le Journal de Lyon. — Rue Tholozan, on a découvert une importante série d'ossements fossiles: bœufs, chevaux et surtout éléphants. La Croix-Rousse, Rochecardon, Choulans paraissent avoir été, dit un écrivain, un grand cimetière d'éléphants. Les débris qui ornent notre musée le démontrent suffisamment. Les nouvelles découvertes ont été immédiatement transportées et classées dans nos belles salles d'histoire naturelle, devenues, depuis quelque temps, une des plus précieuses curiosités de notre ville. — Le 28 septembre, ont eu lieu les obsèques de M. Dardel, l'ancien architecte en chef de la ville, l'artiste habile à qui nous devons notre beau palais du Commerce. Homme de cœur et homme de bien, M. Dardel laisse plus que des regrets. Pendant sa carrière, il a attaché son nom à des œuvres qui resteront. La restauration de notre Grand-Théâtre le fit décorer non- seulement pour le goût qu'il y déploya, mais surtout pour le talent inventif et créateur avec lequel il sut relever sans accident le plafond qui s'effondrait. Les journaux ont parlé de sa haute réputation comme architecte, de sa dignité comme homme, de sa probité, de ses bonnes relations avec les clients et les ouvriers, voici une courte anecdote, un rien, dont nous pouvons garantir l'authenticité En 1843, M. et M"" Dardel voulurent visiter notre belle colonie africaine. Après avoir dessiné dans (ous les coins d'Alger, M. Dardel désira visiter Rone et Constantiné. Le service de la poste et des voyageurs se faisait par les paquebots de l'Etat, solidement construits et armés. Comme on passait près des côtes de la Kabylie que le Commandant avait ordre d'observer, les Arabes inquiets se mirent à tirailler et leurs balles ne tardèrent pas à frapper les bastingages. On pria les passagers de descendre, M. Dardel obtint de rester sur le pont. Mais comme il faisait chaud, notre artiste ouvrit son parasol, ce qui lui valut immédiatement l'attention des Arabes. — Le parasol étant un emblème de commandement, vous allez être pris pour point de mire, lui dit un officier. — Je vous remercie, Monsieur, répondit M. Dardel, mais il fait si chaud que je préfère garder mon parasol. — A la dernière heure, on chuchotte une bonne nouvelle : M. Du- carre serait appelé prochainement à la mairie de Lyon. A. V. Lyon, imp. d'Ami VINGTRIWIER,directeur-gérant.