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ÉTUDE SUR LE PATOIS LYONNAIS. 135 Quand Mrnagnanmouton en festo Per flcla si presoun bloundinello ; e que leu Aqueli toro mai quabilo S'ensevelissoii, à cha milo Dinssi bressolo tant sutilo Que vous semblon teissudo em'un rai de soléu... Quand la récolte donne, et qu'à pleins barils, les vergers d'oliviers, dans les jarres d'argile épanchent l'huile rousse; quand, par les champs et les chemins, du ramasseur de gerbes qui va et vient, le grand chariot geint et cahote et heurte de toute part avec son front altier ; Nu et vigoureux comme un lutteur, quand Bacchus vient, et des fouleurs conduit la farandole aux vendan- ges de Crau ; et, de la fouloire comble, quand la boisson bénie, sous les jambes barbouillées de moût, dans l'écu- mante cuve échappe à pleine bonde ; et diaphanes sur les genêts,quand les vers à soie montent en fête pour filer leurs prisons blondes ; et que rapidement ces chenilles, artistes consommées, s'ensevelissent à milliers dans leurs berceaux si subtils qu'ils semblent tissus d'un rayon de soleil : A lor en terro de Prouvenço Fa que mai divertissenso Alors, en terre de Provence, il y a plus que jamais ébau- dissement! Le bon muscat de Baume et le Frigoulet (par- fumé au thym) se boivent à la régalade; alors, l'on chante et l'on banquette; alors se voient garçons et filles, au son du tambourin, former leurs rondes... Ainsi se passaient les choses au Mas des Micocoules, les jeunes hommes,tambourins en tête,avaient entr'ouvert la porte de l'assemblée en parlementant pour obtenir leur libre entrée. Noun, noun '• s'écrient sournoisement,en chœur, les jeu- nes filles à la vue de la bande joyeuse : Noun ! diquë la gaio nineio, Wen voulen ges ! parai, Mireio ?