Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
               DES TOMBEAUX GALLO-ROMAINS.             433

voir, comment pourrait-il se faire que. cette dédicace fût
inscrite sur des monumens païens ?
   Un archéologue distingué de Lyon pense que cet ar-
gument n'est pas une raison suffisante, et qu'à cette épo-
que de transition, les emblèmes des deux religions se
trouvent souvent réunis sur le même tombeau. Les nou-
veaux adeptes, dit-il, avaient peine à renoncer à leurs
anciens usages ; d'autre part, on craignait la persécution
et l'on cachait volontiers sous une représentation païenne
une signification chrétienne. Puis on ne se rend pas assez
compte de la facilité avec laquelle les peuples superposent
leurs croyances ou leurs superstitions.
   Nous croyons devoir répondre à cela que si la dédicace
SVB ASCIA avait été chrétienne, les païens ne s'en
seraient pas servi. Ils étaient les maîtres, ils n'avaient
aucune raison de se cacher, l'horreur et la haine qu'ils
éprouvaient à l'égard des chrétiens les éloignaient de tout
ce qui pouvait avoir le moindre rapport avec le culte
nouveau.
   Quant aux chrétiens, ils ont pu souvent mettre sur leurs
tombes des signes païens auxquels ils donnaient in petto
et entre eux, un sens chrétien, et cela afin de ne pas les
exposer à être profanées et, en même temps, pouvoir les
distinguer ; mais accomplir au grand jour et aux yeux de
tous, une cérémonie religieuse du paganisme, était un
acte trop sérieux pour supposer qu'ils y eussent consenti ;
quand on voit avec quelle résolution ils marchaient au
martyre, on comprend que jamais ils n'eussent accompli
publiquement la cérémonie de la dédicace si elle eût été
contre leur conscience. Entre le fait de placer sur une
tombe un signe équivoque et pouvant s'interpréter de deux
manières, ce qui pouvait les préserver de toute profana-
nation, et accomplir publiquement une cérémonie du rite
                                                 28