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396 BIBLIOGRAPHIE. un trait de courage de notre grand poète, que quelqu'un m'a révélé. On connaît les belles pièces patriotiques de M. Soulary. L'éditeur Lemerre les a réunies dans une petite bro- chure : Pendant l'Invasion ; mais ce que l'on ignore, c'est qu'après l'insertion du premier de ces chants dans le Salut public, le Cantique du roi Guillaume, le poète reçut, d'un Allemand, une lettre insolente, dans laquelle on lui disait que lorsque le roi de Prusse et son gouver- neur Bismark viendraient à Lyon, il serait la première victime de la haine des barbares. Notre vaillant et sublime chanteur ne ralentit point son zèle pour cela; il continua à nous venger, et, nou- veau Tyrtée, nul ne l'a fait mieux que lui ! N'employait- il pas la meilleure ara:e, celle du persiflage, celle encore de cet esprit national qui, au moyen de sa plume, écra- sait nos vainqueurs? — Rien ne put l'arrêter dans-son devoir, il chantait toujours, guerroyant à sa manière, pendant que son noble frère se battait en héros, à Belfort, où il devait avoir l'honneur insigne d'être blessé le der- nier pour la France ! Sainte consécration de six mois cle siège et de valeur ! On me saura gré, j'en suis sûre, d'avoir mis, sous les regards des lecteurs de la Revue du Lyonnais cette touchante histoire. J'ai voulu rendre un sincère hommage au courage français, aux idées élevées, à la mâle attitude d'un grand poète. Puisse cette intention plaider pour moi, lorsqu'on lira mon faible compte-rendu d'un livre délicieux, éclos sous le rayonnement de la poésie la plus délicatement sonore. Mais je m'arrête : Les DiabUs bleus ont un sachet dont il faut respirer les parfums suaves pour en être enivré, sans qu'ils puissent jamais lasser, avec toutes leurs sé- ductions. Adèle SOUCHIER.