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REAtîX-ARTS. 3.07 L'ART HÉRALDIQUE, collection de sujets peints ou dessinés de diverses manières, par M. LAVEUGNE.MARIN ; compte-rendu par V. F. Comme les inscriptions représentatives de l'Egypte, comme toutes les images et les formes adoptées par les peuples dans leur enfance pour rappeler leurs idées reli- gieuses, politiques ou sociales, les figures des blasons du moyen âge se sont, arec le temps, peu à peu transformées en des signes simplifiés, écourtés, unicolores ; elles ont été ramenées par l'usage à un profil conventionnel, n'ayant souvent presque plus aucun rapport avec le type primitif. Les spécialistes seuls peu vent les reconnaître et les com- prendre; encore n'en saisissent-ils plus que le sens res- treint, abstrait, scientifique. La chose imitée, devenue signe en s'éloignant de sa forme originale, a perdu toute son expression native. — Elle n'a plus d'autre rôle que celui d'une lettre dans un mot, d'un chiffre dans un nombre. Aussi, quand nos artistes, dont l'esprit est étranger aux influences qui ont présidé à leur création, veulent repro- duire des sujets héraldiques, ils en sont réduits à deux systèmes également vicieux : ou ils copient exactement les derniers et, par conséquent, les plus imparfaits modèles ; ou ils essaient, avec leurs idées modernes, de renouveler, de remplacer les formes anciennes par l'imitation servile des choses et des animaux. Les uns, copistes ignorants, reproduisent sans savoir pourquoi, des lions dont la taille est aussi fine que celle d'une fourmi, des léopards dont la langue ressemble à une faveur enroulée, des merlettes sans pied et des aigles si ri- gides de maintien qu'on les dirait empaillés. Les aufres, sur la reproduction d'un écu rapporté des croisades, mettent audacieusement un lion qui rappelle ceux de Batty, et, pour supports, lui donnent des hercules pris dans la troupe de Rossignol-Rollin. M. Lavergne, dé notre ville, un amateur de vieilles toiles et d'objets d'art; un peintre passionné pour l'analyse et l'histoire de son art ; un chercheur, un curieux dans toute l'acception de ces mots ; un fantaisiste par excellence, qui travaille à son heure et sons la seule inspiration de la folle du logis ; un artiste de la famille de Piranèse et de Goya, qui compose pour lui, sans s'inquiéter des autres ; un ori- ginal du pinceau, qui fait un tableau pour triompher d'une