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                    ÉTUDE SUR LE PATOIS LYONNAIS.                        347

            Vo me diris : Te que l'in vai praîchant,
            Te vêts la buchi, et ne vêts pô la pici (1)
            Que din ton zi s'in va toujor craïssant
            — Ne ereïs pô qu'ô seiepar malici;
            J'ou veio pro quand j'aï tôt mon bon sins ;
            J'aï lo parpou, 'et \o pois m'in eraïre,
            De me tiri dou miai de celle gints ;
            Mais lo miehan (2) est de pochi-z-ou faire l


   Un genre dans lequel les Italiens excellent, et dans le-
 quel ils se complaisent, est, ce qu'ils nomment dans leur
 langue, des concetti, sorte de petites pièces pleines de fi-
nesse et de grâce, bien qu'empreintes d'une certaine affé-
 terie, tenant le milieu, pour le genre, entre ce que nous
 appellerions le madrigal ou le bouquet à Chloris; et, dont
tout le piquant consiste le plus souvent dans une opposi-
tion ou jeu de mots que ceux-là seuls comprennent, qui
sont à même de les goûter dans l'original.
   Dans la pièce que voici, parexeniple, l'un de ces mille
petits riens dans lesquels se complaît la muse élégante et
facile de Guarini, le poète feint que l'Amour a été piqué
par une abeille, et que, furieux et voulant s'en venger, il a
fait tomber une goutte du venin de sa plaie sur la bouche
de sa maîtresse; de là, une allusion aux prétendues ri-
gueurs de cette belle,

           Fier et farouche objet, toujours courant aux bois,
           Toujours sautant aux prés, dansant sur la verdure,
             Et ne connaissant d'autres lois
           Que son caprice      (3)


  (1) Buchi, bûchette, paille, fétu, par opposition à pici, pièce (de bois),
une poutre, allusion à la parabole de l'évangile.
  (2) Le méchant, le difficile, est de pouvoir le faire.
  (3) La Fontaine. Daphnjs et Alcimadure,