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FOSSÉS DE LA LANTERNE. 327 L'idée qu'elle provenait du Rhône et de la Saône par infiltration ou communication directe s'offre si naturelle- ment à l'esprit, qu'elle a pris place dans les livres sans rencontrer aucun critique. Cependant c'est une erreur. Les fossés étaient inondés par le canal de Neyron, impropre- ment appelé de Miribel ; par ce canal de neuf kilomètres •latéral au Rhône, dont la destination est restée jusqu'à ce jour un mystère pour les archéologues. Et d'abord il suffit de réfléchir sur la forme des fossés pour conclure à priori que l'eau ne venait pas d'une com- munication directe avec les fleuves. En effet, la prise d'eau eût été nécessairement pratiquée dans le Rhône, dont l'altitude est supérieure de un mètre neuf cent vingt-deux centimètres à la Saône, vers les Ter- reaux. Or c'est le contraire qui avait lieu. Les fossés étaient fermés le long du Rhône, comme il a été dit, par un mur plein qui se terminait, du côté de la rue Lafont, à une tour appelée la Tourette, du côté de la rue Puits- Gaillot, à la tour des Serpents ; ils étaient grand ou- verts sur la Saône, qui, plus basse , servait seulement à l'écoulement du canal. C'est ce qui est encore visible sur le plan de 1550. Cette rivière ne refluait dans les fossés que pendant les grosses eaux. Lorsqu'elles étaient basses, elles n'attei- gnaient pas l'embouchure du canal, il restait entre deux un rivage découvert, par où l'on pouvait passer et s'in- troduire dans la ville ; à quoi le Consulat obvia en 1346, en faisant construire une muraille sur le bord de là Saône au bas de la porte de Chenevrier, afin, dit la délibération consulaire, que nul ne put entrer dans la ville lorsque les eaux étaient basses. 11 n'y avait donc prise d'eau ni dans la Saône ni dans le Rhône.