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CHASSE A LA OISIVE. 293 lui, au paysan surtout, qui se glisse le long du bois, un vieux fusil à la main, et qui, caché dans un buisson, at- tend le passage de ce coureur timide que la couleur de sa robe a fait surnommer Capucin. Pour beaucoup, la chasse c'est la vie ; pour la faire, il faut un homme complet ; comme la guerre, elle exige l'énergie, l'adresse, la déci- sion, la ruse, la patience. Elle veut le jarret qui fait gravir les montagnes, les poumons, qui ne s'étonnent ni de la côte escarpée, ni du ravin profond, le sang-froid que ne trouble ni un torrent ni un précipice, l'œil perçant qui fouille dans l'étendue. Il faut la connaissance du pays où on opère, contenant et contenu, gibier et habitants. Vous possédez à fond la contrée, vous êtes au courant des habi- tudes et des mœurs de l'objet de vos recherches, vous avez surtout le feu sacré, partons. Mais aujourd'hui, quelle chasse allons-nous faire et quels seront nos compagnons ? Voyez-les, groupés dans le lointain. Examinez et choi- sissez. Le chasseur aux chiens courants a quelque chose de plus rustique, de plus hardi et de plus sauvage. Il habite ses propriétés et souvent les fait valoir; il appuie ses chiens tandis que des amis, des compagnons sont postés. Dès l'aube, il découple, il bat la vigne nouvellement ven- dangée et couverte de fraîche rosée, et entend le coq du village voisin ; il traverse la vieille forêt de châtaigniers et de chênes et se trouve en présence de la mâle et noble nature ; il gravit les sommets élevés et contemple de loin la plaine coupée par un filet d'argenf. D'ici, de là , sont les ruines des vieux châteaux autrefois maîtres et dominateurs du pays, aujourd'hui, le plus souvent, humble cellier d'un vigneron qui a utilisé une tour pour établir son pressoir et un souterrain pour installer ses tonneaux, Si vous pas- sez devant sa porte, il s'empressera de vous tendre la main, de vous faire asseoir et de vous offrir un verre de vin nou- veau que vous viderez sans penser, le plus souvent, ingrat