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                   CHRONIQUE LOCALE
   Si jadis il y eut de faux prophètes en Israël, combien plus en avons-
nous en France à cette heure !
   Mille Balaam nous avaient prédit, pour l'anniversaire de Sedan, les
plus effrayantes catastrophes! Que d'émeutes, que d'incendies, que
denieutres, que de renversements? Cinq départements s'apprêtaient à
marcher sur Lyon et à y proclamer           sans doute la République ; !a
Croix-Rousse devait s'emparer des Terreaux et la Guillotière de Belle-
cour. Eh bien! non. ïl n'y a rien eu.
   Pas la moindre petite manifestation, pas le moindre coup de fusil,
pas la moindre fiole de pétrole.
   Il est vrai que le club de la rue Grôlée y avait mis bon ordre et que
le relieur Favier, de qui cela dépend, avait interdit tout ce qui aurait
pu donner prétexte à la réaction de relever la tête. Car, il n'y a pas à
s'abuser, la réaction relève positivement la tête; c'est ce qu'a fait
admirablement ressortir la proclamation digne et flère du vigoureux
président :
                « Citoyens,
   «
   «             Les provocateurs sont à leur poste... 11 est de notre de-
voir de leur répondre en restant calmes et dignes, en ne leur oppo-
sant que la force du mépris.
   « Que si cependant on veut fêter ce grand jour du 4 septembre, que
la fête se fasse en famille, que toute manifestation extérieure soit ban-
nie, que les pièges tendus soient soigneusement évités.
   «
                          « Les présidents, FAVIER, BOUVARD. ^
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   A peine cette proclamation lancée, le maire de Lyon, charmé de ce
style ferme et précis, s'est aussitôt empressé de faire afficher à son
tour ;
   « . . . Que la fête se passe en famille, que toute manifestation ex-
térieure soit bannie, que les pièges tendus soient soigneusement édités.
                                   Le maire de Lyon, HÉxor». »
   Et voilà comment, grâce aux ordres venus de la rue Grôlée et fidè-
lement obéis, la ville a conservée la plus imperturbable tranquillité.
   Les bureaux de la municipalité ont été fermés, le Progrès n'a pas
paru, deux ou trois petits diners ont eu lieu, quatre ou cinq drapeaux
se sont hissés aux fenêtres de la Croix-Rousse et le lendemain le Pro-
grès a pu donner la phrase charmante :
   « Le 4 septembre a été un jour de recueillement pour la population
républicaine de Lyon. »
   Un autre journal a dit mieux encore :
   « Notre population ouvrière si digne d'estime remplissait les tem-
ples ; elle comprenait que le relèvement de la France ne viendra pas
par des manifestations bruyantes mais seulement par l'amélioration
des mœurs, par le sentiment du devoir, par l'abandon de l'égoïsme
et du culte effréné des jouissances matérielles.
   « Des paroles autorisées ont rappelé du haut des chaires chrétien-
nes que là, et seulement là, était le salut de la France. »
   Pour être juste, il faut avouer que ce n'est pas à Lyon que cette po-
pulation ouvrière a rempli les temples, mais à Sedan.
   — Dans sa séance du 29 août, le Conseil municipal a pris des réso-
lutions d'après lesquelles :
   1° Le programme des Ecoles municipales, à partir de la rentrée des
classes, sera institué conformément à la loi de 1850 et à la loi de 1854.