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CHRONIQUE 10CALE. 239 2° Le maire de Lyon s'entendra avec l'autorité administrative pour toutes les questions relatives à l'organisation, l'inspeetion et la sur- veillance des écoles. Alors quels principes suivra-t-on ? Dira-t-on aux enfants, comme naguère, que l'obéissance est un vice monarchique et qu'ils ne doivent faire que leur volonté, ou, comme M. le Préfet du Rhône, « que la forme actuelle, indispensable, du patriotisme c'est la lutte contre soi-même, la victoire de l'intelligence sur le corps, du travail sur l'oisiveté, de l'énergie sur la mollesse, de la discipline sur l'insubordination? » 11 sera prudent de s'entendre. « La France a perdu le respect », disait un jour Royer-Collard • La nouvelle éducation tendra-t-elle à le rappeler? Et, avec le respect, donnera-t-on le jugement, si estimable, si pré- cieux et si rare? le discernement, la probité qui tendent à disparaître ? la dignité qu'on perd chaque jour de plus en plus ? Donnera-t-on le sens commun qui ne permettra plus dédire comme Victor Cochinat : « Paul de Kock est mort ! « Il va rejoindre là -bas la grisette morte avant lui, la grisette qu'il avait célébrée et dotée d'une réputation européenne. « Celui-là était vraiment le Kock gaulois. « Il meurt sans avoir reçu cette croix qu'il désirait sans le dire. » Comment ? il a fêté la grisette et il n'a pas eu la crois d'honneur ! Prodigieux ! Ou bien, verrons-nous encore sans protester un avocat dire sans honte : « Courbet est un grand peintre, c'est un chef d ' é c o l e . . . . il a triomphé de ses détracteurs, il a triomphé pour la gloire de son pays et le monde le reconnaît comme un des grands peintres de tous les temps, il le salue COMME LE PLUS ÉMINENT DES PEINTRES FRANÇAIS. » Ceci est tout uniment une insulte à la France. • Qu'on apprenne donc plutôt aux enfants ce credo de Mazzini : « Je crois à l'éternel progrès de la vie dans la créature de Dieu. ' « Je crois qu'il importe moins de déterminer la forme du progrès futur que d'ouvrir, par une éducation vraiment religieuse, les voies de tout progrès aux hommes et de les rendre capables de l'atteindre. « Je crois que l'on ne rend pas l'homme meilleur, plus affectueux, plus noble, plus divin en le comblant de jouissances, en lui offrant comme but de la vie cette ironie qui a nom félicité. « Il faut prêter l'oreille avec terreur aux voix qui disent aux hommes : Vous nourrir est votre but ; jouir est votre droit. » Mazzini ne passera aux yeux de personne pour entaché de réaction. On peut donc suivre ses conseils avec confiance. Espérons, pour sa gloire, qu'il n'a pas été surpris, lui, de voir Paul de Kock mourir non décoré et qu'on n'admire dans son cabinet de tra- vail ni les Baigneuses, nil'Enterrement, ni le Retour de la Conférence. Il n'est pas facile, pour une brebis appelée feuille littéraire, de passer à travers les épines de la politique sans y laisser de la laine. Espérons que, cette fois-ci encore, nous avons réussi. D'ailleurs, nous ne discutons pas, nous racontons. Nous ne nous occupons pas de nos lecteurs présents, nous ne pen- sons qu'à ceux de l'avenir. Nous faisons de l'histoire à leur usage. Nous glanons les faits divers tombés des journaux et pour la plupart déjà oubliés. Notre chronique, c'est de l'archéologie remontant à une antiquité de huit jours. Néanmoins, hâtons-nous de sortir du bois.