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240                CXOÃILDJÃŽ ])!•; SL'lîViLU'".

 Demogeot vont plus loin, ils ne prononcent même pas le
nom de Clotilde et passent immédiatement du Roman de,
 la Rose à Charles d'Orléans et à Villon, tous craignant de
paraître dupes d'une supercherie à leurs yeux bien cons-
tatée.
   La gloire de Clotilde de Surville paraissait à jamais com-
promise ou perdue, et deux écrivains fort innocents sem-
 blaient devoir hériter, à leur insu ou malgré eux, d'une
réputation qui ne leur appartenait pas. De toute cette foule
de lettrés, de penseurs, de savants, lisant ou grattant du
papier, de 1803 à 4 870, pas un n'avait reconnu le faire
original, puissant, créateur qui ne s'imite pas! Le plus hum-
ble marchand de bric-à-brac distingue une toile ancienne
d'une nouvelle. Malgré un pinceau prodigieux d'habileté
et une habitude de toute la vie, les peintres romains ne.
peuvent faire passer une copie pour un original, et voilà
qu'on attribue à un marquis-soldat, homme du monde, ou
à un érudit dont les travaux sont entre les mains de tous,
des œuvres de tendresse écrites avec une plume féminine,
g-uidée par le cœur d'une mère ! C'est à confondre la r a i -
son et le jugement, à faire douter du goût et du sens
commun ; à renverser toutes les idées sur lesquelles on a
l'habitude de vivre.
   Le chasseur prendra désormais le. chant de l'alouette
pour le rugissement du lion ; l'artiste, la Vénus de Miio
pour une académie de Carpeaux ou la Maîtresse du Titien
pour une toile de Courbet; désormais tout est possible.
    Il s'est trouvé un homme qui a protesté entre tous et
pour tous.
   M. Macé, professeur à la Faculté des lettres de Gre-
noble, homme de goût, de cœur et de courage, a voulu
élucider la question, et se livrant aux recherches les plus
minutieuses et les plus ardues, fouillant le Vivarais, s'a-