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                     CLOTILDE DE SUKV1LLE.                  215

  respirant un parfum de gentiihommerie , et le tour a
 réussi. »
     Et voilà que Miïlin, Carrion-Nisas, Ginguené, Ségur,
  ouvrent le feu ; toute la littérature les suit ; les journaux
  applaudissent ; personne ne veut croire à la personnalité
 d'une femme de génie. Villemain déclare que le monde
 lettré, qui avait cru un instant à l'authenticité des char-
 mantes poésies de Clotilde, avait été dupe d'une habile
 supercherie. [Cours d'histoire de la littérature au moyen-
 âge, 1830, t. 2, p. 243), et il les attribue au marquis ;
 Raynaud en fait honneur àVanderbourg; Daunou dit que ce
 dernier est l'auteur des meilleurs morceaux. M. Sainte-Beuve
 considère le recueil comme apocryphe, sans dire si, à ses
 yeux, l'inventeur est le marquis de Surville ou Vander-
 bourg a Les deux amis, dit-il, rentrèrent en la prolongeant
 dans la supercherie innocente... » Et plus loin, « La préten-
 due Clotilde est un poète de l'école moderne, un bouton
 d'églantine éclos en serre, à la veille de larenaissance de 1 800. »
 Barbier, Brunet, Quérard, ces pères de la bibliographie,
prennent le contrepied, donnent dans un change, et font
un défaut que l'histoire ne leur pardonnera pas. Barbier est
même cruel; non content de nier l'aïeule, il diffame le petit-
fils et fait du marquis non un émigré rentré en France ,
mais un voleur de grand chemin, condamné à mort, à Mont-
pellier !—Pour vol de diligence ! —A Montpellier au lieu du
Puy, en 1795 au lieu de 1798! Ceci n'est plus de l'erreur,
c'est de la haine et de l'ignominie.
    Enfin Bouillet dit positivement :
    « Il n'existe plus de doute à ce sujet, et M. de Vander-
bourg est RECONNU, [reconnu, vous l'entendez,) pour le
véritable auteur des poésies de Clotilde, malgré les ruses
ingénieuses par lesquelles il sut longtemps accréditer cette
innocente imposture littéraire. » MM. Nisard, Géruzez,