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                             LA VALBONE.                         201

   Nous sommes de ceux qui pensent qu'entre le nom et
l'objet qu'il sert à exprimer, il doit y avoir un rapport
intime ; les expressions, dit, M. de Bonald (1), sont à no-
tre esprit ce que le tain est à une glace ; sans le tain, nos
yeux ne verraient pas dans le verre l'image des objets :
sans les mots, notre esprit n'apercevrait pas le vêtement
des idées.
   La science des étymologies est appelée à rendre à l'his-
toire les plus utiles services; les noms de lieux sont au-
tant de témoins vivants des, événements les plus anciens,
car « l'idée (2) qui se rattache à l'imposition des noms et
le substantif qui sert à l'exprimer remontent aux pre-
miers âges du monde. »
   Défions-nous de ces antiphrases gratuites, laissons au
temps le soin d'amener la justification, dans les noms dea
lieux, de ces appellations inexpliquées, qui peuvent avoir
été produites bien souvent par l'événement le plus sim-
ple comme par le fait le plus important.
   Deux objections ont été faites à la thèse que nous ve-
nons de développer ; nous tenons à y répondre.
   La première (3) c'est changer le nom primitif du lieu
que de supposer que la Valbone fut appelée Vdllis bona
par les Romains.
   A l'époque où eurent lieu les combats que nous venons
de raconter, en l'an 197, le pays était rempli de forêts,
dépourvu de grands centres de population,, hanté seule-
ment par quelques rares habitants qui parlaient une autre

  (1) Recherches philosophiques, t. i, p . 384.
  (2) Origines, étymol. etsignif. des noms propres, par le baron de
Coston, p. 9-
  (3) Par M. le docteur Monin. le savant linguiste, auteur des Etudes
sur les patois Lyonnais, à la séance de la Société littéraire de Lyon
du 28 juin dernier.