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                  LES CHASSEURS DE RENNES.               175


                           XXIX

    Mon plan d'opération fut rapidement combiné.
    On avait vu le docteur descendre la vallée de Solutré
 en se dirigeant vers la Grosne. Ce cours d'eau étant
 trop large pour qu'il ait pu tenter de le franchir, il avait
 dû le côtoyer jusqu'à son confluent avec la Saône, et con-
 tinuer ensuite à s'avancer vers le sud, le long de la ri-
 vière. Mais il avait au moins huit ou dix heures de marche
 d'avance sur nous. Aussi, au lieu de suivre le long détour
 qu'il avait du faire, je résolus de couper par le plus court
 et de nous diriger droit vers la Saône, où nous retrouve-
 rions ses traces sur le sable fin de la plage.
    Notre«aarche fut rapide, et nous ne nous arrêtâmes
 qu'une fois, pour manger, au bord d'une source abon-
 dante, qui sortait de terre à gros bouillons, au fond d'u-
 ne vallée encaissée et boisée. Je reconnus la belle
 f-jntaine de Romanain, qui maintenant abreuve un riche
 et grand village, Fuisse, renommé pour ses vins blancs.
 Mais alors, des sapins et de maigres bouleaux, secs et
contournés commedes bois de renne fichés en terre, assom-
brissaient et attristaient les coteaux, où, quelques mil-
liers de siècles plus t a r d , la vigne devait étaler ses
grappes opulentes. Enfin, une dernière colline franchie,
nous descendîmes dans la vallée de la Saône, qui s'ou-
vrait à nos pieds, et en moins de deux heures, nous at-
teignîmes la plaine.
    Ce n'était point, comme aujourd'hui, une verte et luxu-
riante prairie, mais des jungles embarrassées de hautes
herbes, d'un accès difficile, souvent marécageux, ravinées
par la rivière pendant ses crues, et parsemées d'arbres
les uns debout, les autres déracinés et roulés par les