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170 LES CHAfSEURS DE RENNES. — Comme je ne sais absolument pas par quel procédé nous vînmes ici, lui répondis-je, il me serait assez diffi- cile de vous dire quand et comment nous aurons le plaisir de rejoindre notre siècle à travers le chaos des âges. — Il ne s'agit pas de cela. Mais je trouve qu'il est bon de profiter de la situation fort anormale et tout à fait ex- ceptionnelle qui nous est faite pour étendre le cercle de nos investigations. L'espace est devant nous; nous sommes libres, et je vous propose de nous mettre en route. — Eli bien, docteur, nous y réfléchirons. XXVII Je courus chez I-ka-eh pour lui faire connaître, après beaucoup de périphrases et de précautions oratoires, les intentions vagabondes de mon compagnon. — Tu veux partir, me dit-elle en m'interrompant, eh bien! pars. Je fus un peu déconcerté. Je m'attendais à une certaine résistance et point à ce congé froid et bref. I-ka-eh, étendue, et la tête dans une de ses mains, agitait son collier, dont les dents s'enlre-choquaient avec un petit bruit sec d'émail et d'ivoire. Son regard était perdu devant elle, et je ne trouvai rien à lui dire. Tout à coup, je vis ses joues s'empourprer, et, me re- gardant d'un œil plein de colère : — Tu es un lâche, s'écria-t-elle, et tu t'es moqué de moi ! Je le vois trop bien maintenant; tu as cédé aux perfides conseils de ce petit vieux que je déteste, qui dès le premier jour de son arrivée m'a déplu et dont j'aurais dû me méfier. Eh bien ! suis-le, puisque tu préfères sa sagesse à mes faveurs ! Mais je te préviens qu'il paiera pour vous deux. Je saurai retrouver Patte-de-Tigre et