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LES CHASSEURS DR BENNES. 167 grand, robuste ; le Tartare vigoureux et trapu ; l'Es- quimau, avec son œil découvert, avide de lumière, et son crâne ogival, e t c . . Voyez-les tous avec leurs pommettes saillantes, leur face en lozange, leur tête pyramidale, leur peau brune, leurs cheveux durs et cassants, noirs ou tirant sur le roux. Ces caractères lumineux ne nous en ap- prennent-ils pas aussi long sur leur race et leurs affini- tés que si nous avions en main leur arbre généalogique timbré, scellé et paraphé? Cette journée, mon ami, est une des plus heureuses de ma "vie; elle couronne le succès de notre expédition et vient confirmer les conclusions de- puis si longtemps formulées par mon savant confrère le D r Pruner-Bey. Voilà bien son groupe mongoloïde; le voilà vivant en chair et en os ! et vous avez devant vous les plus anciens habitants de l'Europe occidentale. — Alors, vous supprimez les Gaulois ? — Pas du tout; mais les Gaulois ne vinrent que plus tard ; ils appartenaient à une autre branche de la famille humaine, à la branche aryenne, la plus riche de sève, la plus féconde, noble, grande et souveraine entre toutes. Les vieilles races autochtones ont reculé devant elle à mesure qu'elle étendait plus loin ses rameaux. Mainte- nant, nos pauvres mongoloïdes de l'âge de pierre sont refoulés vers le pôle, où ils remontèrent avec le renne, leur fidèle compagnon, à mesure que l'Orient envoya avec son soleil, des étrangers au teint blanc, au cœur ardent, aux muscles de fer, armés pour les grandes luttes et les victoires! Voulez-vous encore une preuve de ce que j'avance? Ce langage sauvage, pauvre et primitif que parle votre I-ka-eh, est un dialecte très-voisin du finnois, du basque, de certains idiomes de l'Oural et même de l'Amérique du Nord, qui tous appartiennent, comme vous le savez, au groupe des langues dites agglomérantes.