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                            CHRONIQUE LOCALE.                           157
    Les lois sont obéies, les chefs, choisis parmi les,'plus dignes, sont
 respectés.
    Les mœurs ont retrouvé leur éclat, les brasseries sont fermées, les
 femmes perdues ne couvrent plus le trottoir ; l'honneur est à ceux qui
 le méritent.
    Plus de gaspillage dans les finances, plus d'ignobles marchés, plus
 de honteux tripotages.
    Plus d'avocats ni de médecins pour commander les armées, plus de
banquiers pour rendre la justice, plus de manufacturiers dans la ma-
 rine, de poètes dans l'agriculture, de juifs au ministère des cultes, d'i-
 gnorants aux sciences et de plâtriers aux beaux-arts. Chacun a repris
 sa place ou plutôt a été remis à la sienne.
    Dès lors , en reprenant sa dignité , la nation a retrouvé son génie.
 Nous n'avons plus Château^riant mais nous possédons Gaboriau, nous
 n'avons plus Lamartine mais nous avons,Coppée; à Ingres a succédé
 Manet, à David d'Angers Carpeaux, à Meyerbeer Offenbach, à Rossini
 Hervé. On ne joue plus les Horaces, mais le Canard à deux têtes.
 Aussi sommes-nous contents de nous-mêmes et nous regardons-nous
 comme le premier peuple de l'univers.
    — La fête de la jeunesse, inaugurée au Grand-Camp le 13 août, date
mémorable, a dépassé toutes les espérances. De graves professeurs, la
 bouffarde au bec et la main dans la culotte, dirigeaient les groupes
 espoir de la France. Dans une ville où les processions sont interdites
parce qu'elles gênent la circulation , de longues files d'enfants , con-
 duites par la garde nationale, serpentaient dans les rues, trottant par
troupes irrégulières, à l'instar des moutons. Les petites fillettes sur-
tout s'élançaient comme des désespérées pour suivre les grandes en-
jambées dés sapeurs. Arrivés au Grand-Camp, les écoliers des deux
sexes ont eu soif. Le discours de M. Barodet n'ayant pu les assouvir,
sapeurs, gardes nationaux, pompiers, parents ont prodigué le vin bleu.
La fête alors a pris un caractère tranché.
   « La fête des écoles, favorisée par un très-beau temps, a été très-
belle et très-animée, dit le Petit Lyonnais avec un enthousiasme bien
senti. C'était plaisir de voir la gaîté et la joie s'épanouir sur ces jeu-
nes têtes auxquelles on présente toujours l'instruction (l'instruction
est ici un mot charmant) sous ses aspects tristes et rebutants au lieu
de la leur montrer sous un jour riant et favorable. »
   « Il nous est impossible d'enregistrer tous les épisodes grotesques
ou inconvenants et fâcheux de la fameuse fête des écoles municipales,
dit le Salut Public, qui n'a pas l'air aussi ravi- Peut-être n'était-il pas
invité.
   « C'est d'abord le grand nombre des indispositions déterminées
chez les enfants par la fatigue, la chaleur, la soif et l'ingurgitation de
boisson qu'elle a entraînée. Du vin pur ayant été absorbé par plu-
sieurs de ces enfants altérés, il en est résulté des cas d'indigestion et
d'ivresse. Plusieurs voilures ont dû ramener les malades au domicile
de leurs parents. C'était un véritable défilé d'ambulance.
   « Ailleurs, le défilé a été tout autre, mais trop guilleret. Nous avons
cité la scène de la Brasserie du Rhin et les cris proférés contre les
jésuites et la clique cléricale par les moutards de l'écusson scolaire
n° 18.. Des scènes analogues ont scandalisé les passants sur d'autres
points de la ville. Une bande de jeunes ecolières a été vue chantant
par moitié la Marseillaise et par moitié les Pompiers de Nanlerre, si-
multanément. »