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138 ÉTUDE SUR LE PATOIS LYONNAIS. A-n~un marit, me vole escoundre En un couvent de mourgo, à la Jlour de mis an (\). — Taderi de ra ! Alors ce sera comme la belle Magali. Magali que dou grand esglasi Qu'avié per Vamourous estasi, En Arle au couvent de saint Blasi, Touto vivo, ame mai courre s'enseveli. — Magali! Magali! reprennent en chœur les jeunes filles : Noro, an ! d'ant ! tu que tant ben cantes, Tu que, quand vos, l'ausido espantes, Canta-ie Magali ! Allons ! Nore, toi qui chantes si bien, quand tu le veux, que l'oreille ne se lasse pas d'entendre, chante-nous Ma- gali, qui à l'amour échappait par mille subterfuges, Ma- gali, qui se faisait pampre, oiseau qui vole, rayon qui brille, et qui tomba pourtant amoureuse à son tour. 0 Magali, ma tant amado ! commença Nore, et toute la maisonnée {l'outalado) à l'ouvrage redoubla de gaité de cœur, et telles, quand d'une cigale bruit la chanson d'été, toutes en chœur reprennent, telles les jeunes filles au re- frain partaient toutes en chœur. : O Magali, ma tant amado (2) Mete la testa au fenestroun ! Escouto un pau aquesto aubado De tambourin et de viouloun. (1) Pour vous confondre, au lieu de me voir prendre un mari, en un couvent de nonnes je veux aller m'enfouir à la fleur de mes ans. (2) Afin de mettre lejlecteur à même d'apprécier la similitude des deux dialectes, je mets ici en regard la reproduction aussi littérale que pos- sible de cette suave cantilène. Dire que dans cette translation, elle n'ait rien perdu de cette grâce et de cette naïveté qui fait son plus grand charme, c'est assurément ce que je ne saurais prétendre, tradutore, Iraditore. Je demande seulement qu'on l'examine au point de vue grammatical.