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126                  LES CHASSEURS DE RENNES.

   I-ka-eh ne se tenait pas de joie, et je dois avouer que
j'étais fort réjoui moi-même de l'étrange figure du pauvre
docteur, qui finit cependant par rire avec nous.
   — Cela comptera comme étude de moeurs, murmu-
 ra-t-il.

                                XXIV

  — Allons docteur, asseyez-vous, lui dis-je. I-ka-eh va
vous montrer le sabre de son père. Cela vous intéressera.
  I-ka-eh alla chercher son sac de curiosités, qu'elle étala
devant le vieux savant.
   — Voilà un fait prodigieux , inoui, que je n'ai vu si •
gnalé encore nulle part, s'écria mon compagnon en exa-
minant l'arme du chef. Une lame de fer à l'âge du
renne (1) !
  — Il me semble, interrompis-je , que cela confond
toutes vos idées et bat en brèche toutes vos théories.
   — Point du tout! au contraire! cela confirme une
conviction que j'avais depuis longtemps, mais que je ne
pouvais établir sur aucune preuve, comme cela arrive
souvent. La preuve cherchée, je la tiens enfin! Il n'y a
plus de doute possible à mes yeux: tandis que l'extrême
Europe était encore plongée dans les ténèbres de l'âge de
pierre et de la barbarie, il y avait quelque part, peut-être
dans îe fond de cette mystérieuse Asie, encore inexplorée,
en Egypte ou dans des régions que la mer couvre aujour-
d'hui, des centres de civilisation dont voici une épave.
  — Cependant, je croyais, insinuai-je, que les décou-
vertes modernes avaient constaté d'une façon certaine,

  (1) La connaissance du fer à l'âge du renne n'a jamais encore été
constatée scientifiquement. Je laisse donc ce fait sous la responsabilité
d'Alexandre T. — A.-C.