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      L E CHAMP D E S E S Q U E V I L L E S
                       Esquiliarum.




     Je trouve dans les Lyonnoisiana de Petrus Violette,
 publiés par M. Morel de Voleine, l'étymologie suivante
 d'un ancien mot lyonnais : « Equevilles ne vient pas de
  « l'italien scoviglia, comme le dit Mollard (Dict. du
  « mauvais langage corrigé), car c'est le mot latin lui-même,
  « sans aucune altération, esquiliœ, ordures. Il y avait à
 « Rome le quartier des Esquilies, où l'on rejetait les
 « immondices. L'u n'existant pas autrefois et étant rem-
 c placé par le v, on a fini par prononcer esqueviliœ et,
 « en amortissant la désinance, esquevilles. »
     Cet archaïsme lyonnais a, je crois, entièrement cessé
 d'être en usage dans notre ville régénérée, et cette dispa-
 rition serait un des chagrins de Petrus Violette s'il vivait
 encore. Ce mot, ainsi qu'il est dit ci-dessus, a une très-
 antique origine, et je vais essayer d'expliquer la cause
 de la synonymie entre esquiliœ et equevilles, laquelle n'est
 pas entièrement élucidée par le susdit.
    Il existait à Rome un quartier que l'on nommait Esqui-
 liœ, ou Campus Esquilinus, et il a conservé cette déno-
mination jusqu'à nos jours : Campo ou monte Esquilino.
Il devait probablement son nom aux bois de chênes dont
il était couvert, œsculus, œsculetum, et je n'admets pas
l'étymologie donnée par Ovide, qui fait venir esquiliœ de
excubiœ , parce que les anciens rois de Rome y faisaient
monter la garde : Quod excubias ibi rex romanus agebat
(Fast, m, 246). Il y a une trop grande différence phonique
entre ces deux mots pour que l'un puisse dériver de
l'autre.