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ÉTUDE SU!S M; PATOIS i.YONNAIS. 1)3 qui elle rappelle ? Vous ; vos têtes éveillées les feuilles de myrthe, vos chevelures abondantes, on les di- rait jumelles. « Mais pour serrer la toile claire de votre coiffe, bien mieux qu'elle, Mireille, vous avez le fil ! . . . Elle n'est pas laide non plus, ma sœur, ni endormie ; mais vous, combien êtes-vous plus belle !... Là , Mireille laissant aller sa bran- che à moitié cueillie : « Oh ! dit-elle, ce Vincent !... — Alor, m'atroves galcmtouno Mai que ta sorre ? [Ainsi, tu me trouves gentille, plus que ta sœur?) — De forço, eu respoundè. — E qu'ai de mai? — Maire divino! Qu'a de mai la Cardelino Que la petouso mistoulino, Senoun la beuta même, e lou cant, e l'esté (l). Ma soeur, en courant par les pâturages, ma sœur, com- me un rameau dé dattes, s'est brûlé le cou et le visage au soleil ; vous, belle, je crois que vous êtes comme la fleur de l'asphodèle,etla mainhâléede l'Eté n'ose caresser votre front blanc ! Comme une libellule de ruisseau, ma sœur est encore grêle ; mais de l'épaule à la hanche, vous', Mireille, il ne A'ous manque rien ! » Laissant de nouveau échapper la branche, Mireille, toute rougissante : « Oh! dit-elle, ce Vin- cent ! » Mais nous n'avons rien fait ! Quelle honte, reprit-elle d'un air de bouderie. Voyez ce drôle qui dit qu'il vient m'aider, et tout son travail consiste à me faire r i r e . . . Al- lons ! sus ! que la main se dégourdisse! parce qu'après ma (1) Beaucoup plus, répondit-il. —Et qu'ai-je de plus? —Mère divine! et qu'a le chardonneret de plus que le troglodyte grêle, sinon la beauté même, et le chant, et la grâce ?