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LES CHASSEURS DE RENNES. 43 seul lancé en plein inconnu. Qui prend compagnon prend maître , dit le proverbe. Il y a du vrai là dedans. Nous continuâmes donc notre expédition et cette fois je passai à l'arrière-garde. J'aimais mieux voir Patte- de-Tigre devant moi que derrière. Chemin faisant, j'exa- minai mes étranges associés. Tous vêtus de peaux de rennes, ils portaient à peu près le même costume qu'I- ka-eh; hommes et femmes n'ayant qu'une seule coupe de robe, les mêmes jambières serrées par des lanières de cuir et des mocassins en jarret de renne. Un seul vêtement ser- vait pour l'hiver et pour l'été. L'été, on mettait les poils en dehors ; l'hiver, on les retournait en dedans, et des herbes fines et sèches dont on garnissait intérieurement les mocas- sins, formaient d'excellentes bottes fourrées pour le froid. Lapeaude renne était merveilleusement bonne comme vê- tement , souple et garnie d'une fourrure épaisse et douce, elle n'avait d'autre inconvénient que de perdre facile- ment ses poils ; mais il en restait toujours assez pour te- nir chaud. Les robes étaient généralement pourvues d'un capuchon, qu'on pouvait au besoin relever sur la tête et dans lequel les femmes portaient leur progéniture. La plupart des chasseurs faisaient usage d'un havre- sac contenant une provision de couteaux et de pointes de flèches en silex, des cordes en tendons et en boyaux, des poinçons en os et différends petits outils en pierre pour la réparation des armes, et des quartiers de viande et de graisse de renne. Voilà pour l'équipement. L'arme- ment se composait d'une lance formée d'une branche d'arbre droite et résistante, garnie à son extrémité d'une pointe en silex, solide et acérée, fixée par une garniture en peau ; puis d'un arc et d'une provision de flèches de différents calibres. Quelques-uns avaient suspendu à leur ceinture une massue en bois armée d'un casse-tête