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16 LA TESSONNE. entre les derniers Romains et les Barbares, qui, l'épëe dans les reins, rejetèrent les populations jusque dans les montagnes de la Madeleine et en firent un affreux massacre (1). La rivière coule tranquille dans les vastes prairies du Sarrot, non loin du paisible village de Saint-Forgeux- l'Espinasse. Mais, de l'autre côté, la terrain se relève, la colline de Jambelières chauffe au midi ses vignobles, pleine de débris romains, de sépultures antiques, hélas ! encore de squelettes armés, de débris d'autres combats que nous rappellent de loin les murs dorés du donjon de l'Espinasse, dorés par le temps au milieu des méan- dres boisés de la rivière. La Tessonne reçoit en ce lieu les ruisseaux de Lyron et du Jubilion, qui se perdent dans des marécages et de basses prairies; il n'est pas rare que la charrue défonce d'anciens canaux, des aqueducs de construction romaine ou ne se heurte à des murailles enfouies. Sur ce sol an- tique un donjon s'éleva sans doute avant le dixième siè- cle; un entassement artificiel entouré de deux rangs de fossés, ce qu'on appelle une motte, haute de six à sept mètres supporte une grande tour carrée à angles arron- dis, toute la face qui regarde le couchant est composée de pierres assez grossièrement appareillées, mais régu- lières; des fragments de briques à rebord entrent dans la construction, et de mètre en mètre sur tous les côtés de l'édifice on remarque des trous carrés dans l'épaisseur des murailles, ce sont les trous laissés par les grandes pièces de bois qui unissaient la maçonnerie antique, (more gallico, à la méthode gauloise). Le donjon était (1) V. Notice sur la montagne de la Madeleine et la chapelle de ce nom. Revue forésienne, année 1869.