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                          LA TESSONNE.                          17

primitivement isolé, on y pénétrait par une baie au pre-
mier étage, à l'aide d'un pont volant que l'on retirait
après soi; les traces d'appui de bâtiments contre la tour
et la petite porte ronde pratiquée au nord sont plus mo-
dernes. Une voûte hardie, mais à demi effondrée est jetée
en plateforme d'une paroi à l'autre du rectangle, dont
chaque bord est échancré d'un créneau ; à l'intérieur
des mo'diilons indiquent les différents étages. Mais les
oiseaux nocturnes habitent seulsle vieux donjon,les oiseaux
et les esprits, disent les paysans d'alentour : sous ces
terres, au fond de ces fossés où l'eau dort, sous ces r o -
seaux et ces prairies, gît la ville de l'Espinasse !
   Pensez un peu que cette ville s'étendait jusqu'aux
Chorgnon, jusqu'à Mont-Pape ! Croyez que de mystérieux
souterrains conduisaient au Chàtelard, au pré d'Allan,
où l'on voit des dalles brutes de granit que nulle force
humaine ne saurait soulever! Songez que Saint-Haon-
le-Châtel, à deux bonnes lieues, n'en était qu'un fau-
bourg ! On entend la nuit au fond des eaux sonner les
cloches de la cité; elles répondent aux cloches de la pa-
roisse des Couches, enfouie aussi dans les Mouillières de
Saint-Forgeux (1) ! Si la pioche creuse un peu, elle dé-
terre des ossements, des pièces de monnaie romaines
et gauloises, des poteries de terre noire, des morceaux de
bronze. Non, non, en dépit du poète.
               Non, il n'est plus pour nous de fêtes,
               Esprits, vite délogeons,
               La raison par ses conquêtes
               Nous bannit des vieux donjons !
  Pourtant c'est ce huguenot de Saint-Priest de Beclan-
dière, compagnon de Poncenat qui fit engloutir la ville,

 (1) V. Courtépée. Histoire du duché de Bourgogne. Bailliage de Se-
mur, Saint-Forgeux.
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