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li LA TESSOKNE. puyée de deux ailes flanquée de deux tours, avec donjon, chapelle et porte à moucharabys, se voyait derrière trois lignes de remparts en amphithéâtre (1), le castel ap- partenait à Boucé de Poncenat. Ce chef huguenot ve- nait d'essuyer à Champoh r , près Urfé, une sanglante dé- faite, et n'avait dû son salut qu'à la rapidité de sa fuite: il se reposait en son manoir et prenait quelques dispo^ sitions pour aller rejoindre les protestants de Condé du côté de Chartres. Parti avec 50 cavaliers, dont le sei- gneur de Béclandière (2), son féal, aussi riverain de la Tessonne , il tombe à l'improviste sur Yichy, enlève le pont, dévaste les Célestins, et se dirige sur Gannat; mais des hauteurs de Coignat, l'armée catholique com- mandée par Saint-Chamond et d'Urfé fondit sur les pro- testants; une habile manœuvre de Poncenat les dégagea et changea la défense en une sanglante victoire. Les Huguenots devaient la payer cher, Poncenat lui-même fut tué par mégarde de l'un des siens. On l'enterra dans son château de Changy, mais le manoir se trouvait sur le passage des catholiques forésiens; à leur retour au pays, un sauvage sentiment de vengeance surprit leurs cœurs, les soldats de Saint-Chamoiid et d'Urfé exhumè- rent le corps du capitaine calviniste, le lacérèrent de leurs poignards (3). « Ils voulaient, raconte la Popeli- nière, le traîner et le prostituer à toute dérision, sans l'Ecluse, qui les chassa plus par force de bastonnades (1) Ancien Bourbonnais, tome H, p. 275 du Voyage pittoresque. Mais nous croyons que l'artiste a représenté le château de Changy près Sail-les-Bams. La confusion est perpétuelle entre ces deux sei- gneuries. (2) Sans doute ce seigneur huguenot dont la légende de l'englou- tissement de la ville de l'Espinasse à cause d'une profanation de la communion rappelle l'existence. (3) Les guerres de religion en Bourbonnais par M. Bouchard